32. Épilogue.
      Mesdames messieurs, je vais vous libérer, mais peut-être êtes-vous curieux de connaître les tenants et les aboutissants de cette triste histoire. Alors, voilà.
Quelques élèves de cette classe, la troisième D, peu motivés par le travail scolaire, avaient fondé une sorte de club et se retrouvaient régulièrement, en particulier le lundi pendant l’heure d’étude de mademoiselle Dunand, entre trois et quatre heures. Ils avaient besoin d’un local plus commode que les toilettes, alors ils ont trouvé le moyen d’accéder au grenier du collège en se confectionnant de fausses clés.
Là-haut, ils jouaient aux grands : revues pornographiques, alcool, tabac et même haschich qu’ils se procuraient avec l’argent de leur petits détournements. Cela leur donnait l’illusion d’être différents, plus forts que les autres. À quinze ans, on a envie d’être adulte, on a envie d’accéder à leur monde en s’autorisant tout ce qui est tabou.
C’est l’âge d’inconscience !
Au début de l’enquête, j’ai d’abord soupçonné un fournisseur de drogue, un petit loubard de quartier qui traîne souvent près du collège, mais cette piste s’est rapidement révélé être une impasse. Il y avait autre chose. Vincent était plus «travaillé » par ses hormones que par les autres petits paradis artificiels. Lundi dernier, contrairement à ses copains, il n’a pas touché à la cigarette ni à l’alcool, se contentant de feuilleter les revues cochonnes.
L’envie de connaître une femme, l’envie de faire l’amour le tenaillait.
Géraldine, sa petite amie, refusait d’aller jusque là, alors il a jeté son dévolu sur Véronique, la surveillante, dont la gentillesse passait à ses yeux pour un encouragement. Quelques travaux d’approche lui ont donné à penser - à tort d’ailleurs - que c’était envisageable et il avait décidé de passer à l’action ce lundi-là à cinq heures un quart.
Par chance, ou plutôt par malchance, ni monsieur Mermillod, ni monsieur Vanderaert, ni vous, monsieur le principal, ne l’avez vu quand il est monté au second étage.
Vincent a poursuivi mademoiselle Dunand de ses pressantes propositions et, quand il s’est fait plus précis, elle l’a repoussé. Sa tête a heurté violemment le mur, entraînant les conséquences que vous savez.
Voilà!
Mademoiselle Dunand n’a pas eu de chance et c’est somme toute sa vocation d’enseignante qui l’a perdue ! Car dans votre métier n’est-ce pas, il vaut mieux aimer les enfants pour réussir ?
Je vous laisse le soin d’apprécier les sanctions que méritent ces adolescents. À votre place, je montrerais de la mansuétude, ils me semblent bien assez punis comme cela.
Quant à Véronique, j’essaierai dans mon rapport d’atténuer ses responsabilités, car, de vous tous, c’est probablement elle qui avait la tâche la plus difficile !

FIN