VALENTIN AU LYCÉE

41. Fin d'année

— Dernier jour de classe, dernier repas à la cantine, dernière réunion du groupe, c’est triste, non ? dit Charly.
— Personnellement, je suis toujours très partagé les jours comme ça : content d’être en vacances, triste de ne plus voir tous les copains, mitigea Gilles.
— Alors, prolongeons un petit peu. Je propose une réunion chez moi à midi demain, continua Charly. Chacun vient avec son pique-nique, il me reste un stock de sodas, limonade et cocas à finir.
— C’est un peu gênant de toujours faire les réunions chez toi, j’ai un peu le sentiment d’abuser, expliqua Florian, conforté par les hochements de tête de beaucoup.
— Non, s’il vous plait, pas ce genre de scrupule ici, pas de sentiment de culpabilité. Chez moi, il y a de la place, mes parents sont d’accord. Nous ne risquons pas de déranger les voisins, n’est-ce pas Emily ? Mon père sera encore en Italie pour ses affaires, ma mère sera à son club, ma sœur de sortie avec son copain, la pelouse est fraichement tondue, l’eau du lac déjà à vingt degrés. Qui peut rivaliser ? Oui, je sais, personne. Mais je vais vous dire ma meilleure raison : c’est que ça me fait plaisir ! Des objections ? comme demanderait Gilles. Non ? Alors à demain les amis.

Le lendemain, installé sur la pelouse un peu avant midi, le plateau de bois sur tréteaux était surchargé de plats cuisinés, de pain, de fromages variés, de cerises, de fraises, chacun ayant apporté de quoi nourrir plusieurs personnes.
— Impeccable ! prononça Charly quand chacun eut souhaité de bonnes vacances aux quatorze autres, Il en restera suffisamment pour ce soir, car vous allez tous rester, n’est-ce pas ? Allez, il y a une pile d’assiettes en carton, servez-vous et régalez-vous.
— Je sais que quand on est poli, on ne parle pas la bouche pleine, mais j’aimerais qu’on fasse le bilan de l’action du CLASH, suggéra Gilles.
— Avant ça, s’intercala Pierre-André, j’ai discuté avec Abdon ce matin. Il m’a raconté que le petit Yann Teboul, en réponse à il ne sait quoi, a presque crié à un autre mec de notre classe “Quand les cons feront du vélo, tu gagneras le tour de France !” L’autre, un grand costaud, a cherché à lui coller une méga gifle mais le petit gars s’est baissé juste à temps et a balancé un vicieux coup de poing dans les joyeuses de son adversaire qui est tombé assis en se les tenant. Yann Teboul est alors parti tout réjoui en sifflotant.
— Là, c’est je crois l’épilogue de notre action pour cette année, se réjouit Florian.
— Le point faible des grands costauds, c’est qu’ils se croient forts et mettent leur intelligence dans leurs biceps ! Heu, je ne dis pas ça pour toi, Flo, s’amusa Bouboule.
— Attendez, j’ai une communication à vous faire, intervint Quentin, hier avant de partir, j’ai récupéré l’urne pour la garder chez moi pendant les vacances. Je l’ai ouverte et dedans il y avait deux nouveaux billets, je les ai amenés. Les voici ajouta-t-il en sortant deux papiers pliés de sa poche de tee-shirt.
— Deux nouvelles affaires, fit Bouboule, c’est un tantinet trop tard, non ?
— Plutôt deux anciennes affaires. Alors, le premier dit : “Merci à tous pour ma mère et moi.”
— Quelqu’un qui dit merci, c’est plutôt rare, remarqua Lucie, même sans signature, c'est signé, donc là, sait de quelle affaire il s’agit.
— Effectivement. L’autre : “Merci un peu tard pour votre action téléphone.”
— Elle, c’est Julie Labrune, dit encore Lucie.
— C’est vrai que nous avons été efficaces dans ces affaires, commenta Amandine.
— Autre chose, raconta Valentin, après l’arrestation de Loïs et Nathan qui voulaient du mal à Inge, le proviseur m’a convoqué, vous le savez. Il m’a bien sûr posé des questions sur notre club et il a voulu savoir comment nous nous y prenions pour résoudre les problèmes.
— Alors ? s’impatienta Amandine.
— Alors je lui ai dit que nous étions quinze, que quinze intelligences diversement spécialisées arrivaient toujours à trouver des solutions.
— Intelligences diversifiées, c’est bien le cas, jugea la pertinente Mathilde. Il n’y a que l’usage de la force qui me gêne un peu.
— Je te comprends Mathilde, mais imagine : tu es un garçon, tu es devant un con costaud et agressif, à part la course à pied à condition d’être rapide, je ne vois pas comment tu peux t’en tirer, objecta une fois de plus Florian.
— Donc nous avons tous des intelligences différentes, reprit Amandine. Quelle est la mienne ?
— Tu es l’exception, toi tu n’en as pas, taquina Gilles. Non, non, ne me cogne pas. Toi c’est franc parler et droit au but. Mathilde, c’est sensibilité et non-violence, Eva c’est gentillesse et grand nez, Bouboule c’est grandes oreilles et inventivité...
— Tu l’as regardé le nez d’Eva ? face de raie sur un tas d’os ! Deux fois plus petit que le tien son nez, quant à mes oreilles, elles viennent encore d’entendre une grosse connerie ! fit semblant de se fâcher Pascal.
— La finesse de l’odorat et l’intelligence d’Eva ont permis de résoudre le problème Hassen Henni et la sensibilité de ton ouïe a souvent contribué à nous avertir de ce qui se tramait contre nous, résuma Valentin, merci à tous les deux.
— Plus tard Eva pourra travailler comme “nez” dans la fabrication de parfums et toi Pascal comme “grandes oreilles” dans un sous-marin, imagina Mathilde.
— Et moi, comment vous me jugez ? demanda Olivier.
— Toi, tu es fidèle et protecteur, analysa Pauline, et Margot c’est sensibilité et reconnaissance. J’ai bon là ?
— Bien vu, Pauline, gentille maman poule qui soigne toutes les blessures ! sourit Olivier.
— Je peux connaitre mes qualités et mes défauts, Valentin ? cibla Emily.
— Tu es super jolie, volontaire, opiniâtre et bonne analyste, résuma Bouboule à la place de Valentin qui sourit et approuva d’un hochement de tête.
— Je suis nouveau dans le groupe intervint Pierre-André, mais j’ai déjà quelques avis. Par exemple, Florian c’est force et appui solide, Quentin allie gentillesse et disponibilité, Charly organisation et serviabilité.
— Bien vu encore, complimenta Valentin, toi tu sembles être un bon observateur qui aime rendre service. Et toi Mathilde, la sensible, dévouée et non violente, tu as des avis ?
— Comme tout le monde, par exemple je trouve Lucie discrète, cultivée et perspicace et Gilles dévoué, fidèle et bon analyste également.
— Dans tous ces avis que globalement je partage, il manque votre opinion sur Inge, intervint Valentin. Comme je la connais depuis plus longtemps que vous, en plus de constater que c’est une très jolie danoise, je dirais qu’elle est beaucoup trop gentille, beaucoup trop confiante, très douée en études et en sports, en un mot, elle est adorable !
Pendant que Valentin parlait, Bouboule passa rapidement de l’un à l’autre en leur murmurant quelques mots à l’oreille.
— Merci Valentin, mais personne n’a parlé de toi, pourquoi ?
— Parce que Valentin... Tous se levèrent et crièrent en même temps en séparant les mots :
« C’est le chef ! »


Fin du tome 9 des aventures de Valentin.