« Bonjour mon adjudant-chef. » dit Valentin en pénétrant dans le bureau de Lemoine.
— Dix sept heures ! Toujours bien à l'heure Valentin.
— Quand je ne suis pas retenu contre ma volonté... Je me suis permis d’amener Gilles Arroux que vous connaissez et Quentin Ouvrard qui est aussi un de mes bons copains. Ce sont eux qui connaissent les détails de ma libération.
— Vous allez tout me raconter dans le détail, c'est une affaire très grave et les prénommés Hugo et Anton risquent la mise en centre éducatif fermé.
— OK, je vous explique ce qui c'est passé pour moi et comment tout a commencé, ensuite mes amis vous diront comment ils ont réussi à me localiser et à me délivrer. Mon adjudant-chef, quand vous saurez tout, j'aimerais vous dire ce à quoi j'ai pensé cette nuit.
— D'accord Valentin, je vous écoute maintenant.
— Donc, si je vous ai bien suivis, pour Antony, c'est son premier acte délictueux mais Hugo en est à sa deuxième tentative de séquestration sans parler de ses brutalités sur la personne de Camille Fontaine. Tu aurais dû m'en parler plus tôt Valentin, je lui aurais fait la leçon et ça l'aurait peut-être calmé. Maintenant, le problème est le suivant : est-ce que tes représentants légaux, à savoir en l’occurrence tes grands-parents, veulent porter plainte, auquel cas je vais devoir prévenir le procureur de la République.
— J'ai beaucoup discuté avec mes grands-parents hier soir. Ils sont tellement heureux que tout finisse bien pour moi qu'ils sont prêts à pardonner.
— Mais vous comprenez bien qu'on ne peut pas laisser de tels agissements impunis. La gendarmerie représente l'autorité en France. Elle a pour mission de faire respecter les lois de la République mais elle n'a pas le pouvoir de justice, elle ne peut pas décider des sanctions que ces jeunes voyous méritent. Anton et Hugo sont en garde à vue jusqu'à ce soir sept heures et leurs parents vont revenir dans une demi-heure pour la notification de la suite que je dois donner à cette affaire. Soit je les relâche, soit je transmets le dossier au procureur.
— Monsieur Lemoine, si votre fils avait commis une infraction semblable, que souhaiteriez-vous comme punition ? Aimeriez-vous qu'il aille en centre éducatif voire en prison ?
— Je vois que tu t'adresses à l'homme et non plus au gendarme. Si c'était le cas, si mon fils avait commis de tels actes, bien que ce soit interdit, surtout étant donné mon métier, il recevrait d'abord une rouste mémorable. Maintenant, personne ne souhaite que son fils soit placé en détention.
— Mon adjudant-chef, voici ce à quoi j'ai réfléchi cette nuit : vous leur donnez le choix, soit vous suivez la procédure que vous nous avez expliquée, soit, officieusement cette fois, vous leur dites que je, enfin mes grands-parents, ne portent pas plainte à condition qu'ils passent leur été à rendre service au village, nettoyage du torrent, de la plage, ramassage des papiers, repeindre les murs tagués, aide aux personnes âgées, désherbage des parterres, des travaux d'intérêt général quoi, mais officieux, comme s'ils étaient volontaires.
— Tu es trop généreux Valentin. Je m'entretiendrai avec leurs parents de ta proposition. Évidemment, ils vont l'accepter.
— Autre chose, ils ont toujours en leur possession divers objets qui m'appartiennent. Ce serait Hugo qui les détient dans une cave de son immeuble en ville. En fait là où il m'a enfermé une première fois avec Camille Fontaine. Il y a mon sac d'école, mon smartphone et d'autres petites choses. Il faut que je vous dise aussi que j'ai conservé les clés de la grange où j'étais prisonnier pour monnayer la restitution de ce qui m'appartient, si vous chargez de la récupération, je vous les donne.
— Délit de vol en plus, ces jeunes sont complètement déboussolés, plus aucun repère moral ! Enfin, tu récupéreras tout Valentin, tu peux compter sur moi, et je te garantis que jamais plus ils ne s'attaqueront à toi.
— Ni à mes amis, mon adjudant-chef.
— Ni à tes amis. Vous pouvez partir tous les trois. Je te ferai rendre tes affaires dès demain.