Océane, depuis sa grande crise d’asthme suite à la respiration de gaz hilarant , semblait avoir compris que la fréquentation de la bande à Tony ne pouvait lui apporter rien de bon. Elle avait décidé de se rapprocher de Valentin et de ses amis, suivie bien entendu par Marine sa jumelle, et c’est tout naturellement que, désespéré par l’attitude de Jade, Florian avait craqué devant son sourire enjôleur.
Alors que Valentin donnait un cours de self défense à Amandine, Florian avait, sur leur demande, accepté d’accompagner les jumelles en ville.
Arrivés au niveau des grandes pelouses du lac, le fier adolescent qui avait retrouvé son dynamisme de bon sportif, arrêta son VTT au niveau d’un groupe de sept jeunes qui disputaient un match de football amical à quatre contre trois.
— Allez faire vos achats, je regarde les gars jouer au foot. Retrouvez-moi ici quand vous aurez terminé, dit-il aux jumelles.
Pendant cinq bonnes minutes, il regarda jouer les jeunes qu’il ne connaissait pas. Sur le shoot contré d’un joueur, le ballon fila vers le lac. Florian fonça et le récupéra in-extremis avant l’eau.
— Merci, fit celui qui avait shooté, c’est sympa. Il nous manque quelqu’un, tu veux jouer ?
— Ben oui, avec plaisir. Je suis avec qui ?
— Avec moi, lui et lui, répondit l’autre.
— Je m’appelle Florian.
— Moi c’est Pierre-André, lui c’est Julien et lui-là c’est Paul.
— Bon, on joue ? fit un des adversaires.
Si Florian avait fait le rapprochement, il n’en montra rien et s’intégra immédiatement à l’équipe. Pendant la demi-heure que dura leur petit match, aussi bon technicien que joueur altruiste, il ne tarda pas à faire l’unanimité de ses partenaires et à gagner le respect de ses adversaires.
À la fin du jeu, les huit adolescents s’assirent en rond sur l’herbe encore verte de la pelouse publique pour récupérer. Julien dit à Florian :
— T’es bon toi, tu joues en club ? T’es dans quel collège ?
— Non, je joue avec mes copains du collège de Saint Thomas, et vous, vous êtes d’en ville ?
Il ne remarqua pas le sursaut de Pierre-André à l’annonce du nom de son village.
— Oui, répondit Paul, nous trois on est au collège près des vieux quartiers et eux dans celui du centre. Tant qu’il fait encore beau, nous jouons ici tous les samedis, viens quand tu veux.
— Pourquoi pas, répondit Florian, c’est toujours sympa de jouer avec des bons. Ah, j’aperçois mes copines, je vais vous laisser les mecs. Il se leva et se dirigea vers son VTT posé sur l’herbe de la pelouse voisine. Pierre-André le suivit et, avant que les jumelles les eussent rejoints, il toucha l’épaule de Florian et lui demanda.
— Ton nom de famille, c’est bien Marlin ?
— Oui. On se connait ?
— Indirectement. Je t’ai vu en photo avec Jade Devienne et un de tes amis m’a dit ton nom.
— Attends, Pierre-André, Pierre-André, tu n’étais pas l’autre… disons copain de Jade ?
— Mon nom de famille, c’est Vallières et je suis sorti avec Jade jusqu’au jour où cet ami à toi…
— Valentin ?
— Oui, c’est ça. Valentin en compagnie d’une fille rousse et d’un autre gars m’ont appris qu’à Saint Thomas elle sortait avec toi. Ça m’a complètement anéanti et je l’ai laissée tomber immédiatement.
— Ben de mon côté, j’ai fait exactement pareil. Je ne supporte pas le double jeu. Tu savais qu’elle s’est faite vitrioler ?
— Hein ? Ah oui, ton ami Valentin me l’a dit au téléphone. Elle est défigurée ?
— Non, heureusement pour elle. Apparemment elle avait encore un amoureux qui n’a pas supporté qu’elle sorte avec d’autres mecs. Tiens, voilà mes copines, tu vas les confondre, elles sont jumelles. Je te présente Océane, dit Florian en mettant le bras sur les épaules de l’adolescente et voici sa sœur Marine. Les filles, je vous présente Pierre-André, un nouveau copain d’en ville, un excellent footballeur.
— Bonjour Océane, réagit le garçon en lui tendant la main, bonjour Marine.
— Si tu es un copain de Flo, je te fais la bise, décida Marine en passant à l’action.
— Dis, Pierre-André, ça te dirait de venir faire une petite partie de foot à Saint Thomas ?
— Tu vois ça comment ?
— Tu viens avec tes potes de collège. Neuf bornes en vélo, c’est rien. Je forme une équipe avec mes amis et nous faisons un petit match sympa. J’organise tout. On jouera sur le stade de Saint Thom avec des mini-buts.
— Oui, accepte Pierre-André, j’aimerais bien vous voir jouer, insista Marine.
— Pourquoi pas, sourit Pierre-André, je vais en parler à mes amis.
— Donne-moi ton numéro de téléphone, je te contacterai, fit Florian en ouvrant son petit sac de cadre de VTT, à la recherche de son appareil.
— Cherche pas, proposa Marine, je l’enregistre tout de suite dans le mien.
— 0362949290
— Bon, ben je te contacte dès que c’est possible. Salut mec, content de te connaitre, fit Florian en tendant la main à son ancien rival.
— Au revoir Pierre-André, contente, moi aussi, sourit Océane.
— À bientôt Pierre-André, nous irons te voir, dit Marine en touchant ses lèvres de l’index puis en désignant le garçon avec un sourire irrésistible.