L’avion emportant les parents de Valentin vers la lointaine Australie venait de disparaitre à l’horizon des montagnes du Chablais. Valentin essuya discrètement une larme, geste qui n’échappa pas à l’œil de son grand père.
— Allons mon garçon, ne sois pas triste, tu sais que tes parents ont décidé de venir s’installer définitivement en France. Ils ont bon espoir de finaliser rapidement la vente de votre exploitation de Korumbura, dans un an ce devrait être fait.
— Oui mais un an sans les voir…
— C’est dur, je sais, mais tu pourras discuter en direct avec eux sur Skype aussi souvent que tu voudras. Et puis nous sommes là, Isabelle et moi. Il y a aussi tes copains, tes copines, tout le monde t’aime bien.
— Oui, bien sûr... Enfin, quand on ne peut rien changer au cours des choses, il faut les accepter.
— Là, tu parles comme un adulte. Allez, ne sois pas si sérieux, il faut penser à t’amuser.
— Tu as raison Jean-Claude, rentrons à la maison, cet aéroport est trop synonyme de séparation. J’ai envie de faire le vide dans ma tête. Qu’est-ce que vous avez prévu pour ce mois d’août ?
— Heu… Isabelle et moi sommes un peu bloqués à cause de divers rendez-vous médicaux : ophtalmologiste, rhumatologue, cardiologue. Pas d’inquiétude, ce sont simplement des contrôles de routine, mais obtenir un rendez-vous se prévoit longtemps à l’avance, donc…
— Donc vacances à Saint Thomas. Après tout il y a tellement de gens qui sont heureux de venir en vacances dans notre région…
Il était onze heures du matin en ce jour du début du mois d’août, ses grands-parents venaient de partir faire les courses au supermarché bio du village. Valentin, accablé de chaleur, sommeillait dans une chaise longue à l’ombre du grand saule pleureur protégeant la maison du soleil déjà brûlant quand son téléphone vibra dans sa poche de bermuda. L’icône verte de l’application de messagerie était marquée en rouge du chiffre 1. Il toucha deux fois son écran et le message s’afficha, il émanait de son ami Olivier. Le SMS était bref : où t’es ?
Valentin sourit et répondit immédiatement : St Thom.
Je passe ? continua Olivier.
OK, termina Valentin.
« Olivier est rentré de son séjour en Ardèche et il est comme moi, il s’ennuie. Il va sûrement me proposer de faire du canoë sue le lac comme l’an dernier. Pourquoi pas. Dans cinq minutes il sera là, je vais lui préparer à boire. » Connaissant les goûts d’Olivier, il alla dans la cuisine, sortit un coca light du réfrigérateur pour son ami, la bouteille de limonade pour lui ainsi que deux verres du buffet et installa le tout sur la table du salon de jardin. Comme prévu par Valentin, au bout de cinq minutes, le bruit du dérapage de la roue arrière d’un VTT signala l’arrivée du sportif.
— Salut Olive, je suis rudement content de te voir !
— Et moi de retrouver un copain.
— Viens boire un coup, je t’ai préparé un coca.
— Super, merci. Il fait déjà une chaleur de four.
— Je parie que tu viens me proposer de faire du canoë sur le lac.
— Perdu !
— Alors tu viens simplement pour me voir ? C’est gentil ça.
— Gagné mais à moitié seulement. Hum, un coca bien frais, c’est bon par cette chaleur. Tu n’en bois pas toi ?
— Non, je préfère une bonne limonade bio. Alors ce stage en Ardèche ?
— Bof, avec la sècheresse, ce n’était pas terrible. Presque pas de rapides, des cailloux partout, à chaque coup de pelle on en déplaçait deux kilos. Je voulais apprendre à esquimauter, pas eu moyen !
— Tu vas pouvoir t’entrainer au lac.
— Oui, mais pas maintenant. Mes parents ont décidé de repartir passer une dizaine de jours sur la côte atlantique, dans les Landes plus précisément. Je me suis inscrit pour un stage d’initiation au surf.
— C’est super, tu fais concurrence à Florian pour les activités sportives. Tu as des nouvelles ?
— De Florian ?
— De Florian et des autres.
— Pas trop. J’ai juste eu des nouvelles de Margot. Elle s’embête un peu là-haut dans le nord.
— Ah… s’abstint de commenter Valentin connaissant l’attachement d’Olivier à Margot. Tu m’as dit « gagné mais à moitié seulement », quelle est la moitié qui me manque ?
— Toi dans les Landes, sourit Olivier ravi de surprendre son ami.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda Valentin qui avait pourtant parfaitement compris l’invitation.
— Mes parents et moi nous allons planter la tente dans un camping municipal qui se trouve juste derrière la dune dans une pinède au bord de l’océan. L’emplacement est retenu, tout est calé. Il se trouve qu’il y a une place libre dans la voiture et sur ma demande, ils te la proposent. Qu’en dis-tu ?
Le visage de Valentin s’éclaira d’un grand sourire avant de redevenir soucieux.
— Je vote pour des deux mains mais il faut que j’aie l’accord de mes parents et de mes grands-parents.
— Tu penses qu’ils vont faire des difficultés ?
— Je ne pense pas. L’an dernier j’a eu la permission de partir en montagne avec la famille de Florian dans leur camping-car. Il faut simplement que tes parents appellent mon grand-père ou ma grand-mère pour qu’ils se rendent compte que l’invitation est sérieuse. Le départ est prévu pour quand ?
— Vendredi dans trois jours. Nous ferons étape dans un gite près de Carcassonne de façon à arriver dans les Landes samedi en milieu d’après-midi. Nous camperons huit nuits sur place et nous repartirons le dimanche suivant pour le trajet inverse.
— Voyage sur deux jours, c’est très bien, cela rassurera ma grand-mère qui a toujours peur que le chauffeur fatigue et s’endorme. Je te donne le numéro du portable de mon grand-père, demande à ton père ou à ta mère d’appeler dès ce soir.
— Tu as toujours ta petite tente Quetchua ?
— Tente, matelas gonflable, duvet, j’ai tout.