8. L'eau de la rivière.
      Les vacances se terminent. L’air vibre de la chaleur de septembre. En attendant la rentrée toute proche maintenant, Marie-Michèle et Frédéric sillonnent à bicyclette les petites routes et les chemins campagnards qui bien souvent les ramènent à la rivière. Pour eux, maintenant, les bords de l'Oise ont une histoire.
L’eau verte, calme et profonde méandre paresseusement à travers les pâturages d’herbe rase, caresse de sa surface tranquille les basses branches des aulnes riverains. Frédéric, le front et les bras luisants de transpiration, descend de bicyclette, imité par son amie.
— Tu n’as pas trop chaud ?
— J’ai chaud.
— Tu n’as pas envie de te baigner ?
— N’est-ce pas un peu dangereux ?
— Non. Il y a du fond à cause de la retenue, mais pas de tourbillons.
— Tu y vas ?
Frédéric enlève short et chemisette, quitte ses chaussures de tennis sans prendre la peine de les délacer et plonge sans hésiter. Corps profilé, il se laisse glisser dans les sombres profondeurs, une traînée de bulles dénonce son passage. Juste avant d’émerger, il se tord sur lui-même, exécute un preste demi-tour et se retrouve face à son amie.
— Elle est bonne ?
— Plus fraîche que le canal mais délicieuse quand même ! Tu viens ?
La jeune fille ôte sa robe légère, apparaît simplement vêtue d’un maillot de bain deux pièces en vichy mauve et blanc.
— Vas-y, plonge, rejoins-moi !
— Non, je ne sais pas encore bien faire.
Elle se glisse dans l’eau, nage vers le milieu de la rivière. Elle est souple, déliée, tous ses mouvements sont gracieux, l’eau glisse sur ses épaules, nacrant sa peau dorée. Frédéric lui laisse prendre de l’avance, la rattrape dans une gerbe d’éclaboussures, l’oblige à s’arrêter, plaque un baiser sur les lèvres mouillées.
Il lui murmure à l’oreille avec espoir :
— Si tu veux, tu peux enlever le haut, il n’y a personne ici pour admirer tes… petits… complexes ! Sauf moi, ajoute-t-il à voix basse.
Elle ne répond pas mais fait une grande inspiration et disparaît dans les profondeurs. Après quelques secondes, elle ressort avec son sourire espiègle, brasse vers la rive, lance un bout de tissu mouillé sur l’herbe de la berge. Quand elle repart en dos crawlé, l’émouvante poitrine menue s’anime dans le léger roulis de la nage. Frédéric sort de l’eau pour mieux admirer le gracieux spectacle.
— Tu ne nages plus ?
— Non, j’ai un peu froid, mais continue... Je guette pour te prévenir s’il vient quelqu’un.
— Hypocrite !
— Je ne suis pas hypocrite ; j’avoue que j’aime te voir, mais je ne veux pas partager.
Marie-Michèle, insensible à la température de l’eau, évolue longuement sous les yeux intéressés du garçon. Quand enfin, fatiguée de nager, emperlée de gouttes de rivière, elle sort et court vers son ami, il a l’émotion de voir vivre la jeune poitrine. Elle se réfugie dans les bras ouverts et presse ses petits seins mouillés contre le torse musclé du garçon.
Frédéric tressaille de bonheur.

— A-t-il encore de la température mademoiselle ?
— Beaucoup moins docteur, trente-huit à peu près.
— Il ne bouge toujours pas ? Je parle de mouvements coordonnés et non de contractions réflexes, bien sûr.
— Pas vraiment, mais c’est étrange, parfois il est humide de transpiration et à d’autres moments on dirait qu’il frissonne.