VALENTIN AU LYCÉE

13. Première action

Quand tous furent dispersés, Valentin saisit le bras de Florian et l’entraina loin des oreilles affutées de Bouboule.
— Est-ce qu’Océane t’a raconté qu’elle a failli mourir après avoir respiré du gaz hilarant1 ?
— Hein ? Première nouvelle. Comment sais-tu ça ?
— Avec sa sœur, elle faisait encore partie du groupe au Thénardier. Ils s’étaient procurés des cartouches de gaz ainsi que des ballons de baudruche et s’amusaient à respirer le protoxyde d’azote en se marrant comme des idiots. Océane et Marine se sont laissées entrainer. Seulement voilà, Océane plus que sa sœur a une tendance à avoir des crises d’asthme allergique et elle a fait un grave malaise, une syncope cardiaque et respiratoire. Cela se passait dans le terrain scout sous l’orage et une pluie pas possible.
— Pourquoi tu me racontes tout ça ? Il y a un rapport avec ce que nous cherchons ?
— Oui, très indirectement. Je passais par là en VTT en revenant de chez Charly. Toute la bande au Thénardier s’était barrée sauf Marine qui se tordait les mains sans savoir qui faire. J’ai fait un massage cardiaque et la respiration artificielle à Océane et j’ai réussi à la faire revenir. Marine a appelé sa mère qui est venue les récupérer.
Leurs parents m’ont invité chez eux pour me remercier quand le médecin consulté leur a dit qu’elle aurait pu en mourir
. — C’était super de ta part, mais je ne vois toujours pas le rapport !
— Attends, j’y arrive. Le lendemain, le père est venu chez mes grands-parents pour m’offrir en récompense un téléphone Samsung dernier cri de l’année, un Samsung S10+. Comme je ne voulais rien, il m’a dit qu’il travaillait dans les télécommunications, que cela ne lui coûtait rien et que je pouvais l’offrir à qui je voulais. Rappelle-toi, plus tard, je l’ai donné à Amandine qui n’en avait plus. Lors de la dramatique aventure d’Amandine justement, j’ai eu besoin d’avoir un numéro de téléphone et monsieur Daucy, le père d’Océane qui est donc ingénieur dans ce domaine a pu consulter le listing des clients par opérateur et m’a fourni les coordonnées d’un des malfrats à partir de son nom, ce qui a permis de le faire arrêter par l’adjudant-chef Lemoine. Je pense que la manœuvre inverse, à savoir obtenir le nom à partir du numéro, est également possible pour lui.
— Donc tu veux que je demande un nom à partir du numéro au père d’Océane ?
— Je veux que tu réussisses à convaincre Océane de le demander à son père. Si tu sais bien expliquer à ta chérie du moment que cette demande c’est pour une excellente cause, elle devrait arriver à ses fins, donc aux nôtres.
— D’ac, je vais essayer.
— Non, Flo, tu vas réussir, il faut que tu réussisses.

Le lendemain, lors de leur réunion programmée, Florian était tout sourire.
— Bon, tout le monde est là, commençons, fit Valentin. Nous avons un numéro de téléphone, nous savons qu’il s’agit d’une fille, il nous faut son nom. Des idées ? — J’ai son nom, triompha Florian. Mais je n’ai pas le droit de divulguer comment j’ai fait pour l’obtenir.
— De qui s’agit-il ? pressa Gilles.
— Elle s’appelle Julie Labrune. Je ne connais pas encore sa classe.
— On peut l’appeler, on a son numéro, avança Pauline, suscitant beaucoup de sourires moqueurs. Oh que je suis bête ! Bien sûr, elle n’a plus son téléphone puisqu’on lui a volé, réagit-elle aussitôt en rougissant.
— Ce n’est pas si idiot comme idée, conforta Pascal. Si le téléphone n’a pas été bloqué, s’il encore de la batterie, et si le voleur d’une façon ou d’une autre possède le code, il peut recevoir des appels. J’imagine que si une de nos copines lui passe un coup de bigo, le voleur ou la voleuse peut être tentée d’écouter. Si ça marche, le truc à faire, c’est d’enregistrer l’appel. On aura peut-être le son de la voix de l’autre.
— J’ai toujours pensé que tu es plus malin que tu veux le laisser croire, Bouboule. C’est une excellente tactique, dit Gilles.
— Attendez, avant ça, je demande à ma sœur Camille si elle la connait, dit Amandine en sortant son Samsung S10+ et en se levant pour s’éloigner de quelques mètres.

— Ma sœur la connaît mais comme ça. La Julie est en terminale 5 qu’elle croit, dit Amandine en revenant vers le groupe.
— Super, Amandine, continua Charly. Étape suivante, il nous faut sa photo pour la reconnaitre et pouvoir discuter avec elle. Pierre-André, tu as bien dit qu’une nana de ton immeuble est en terminale 5 si j’ai bien entendu.
— Oui, j’ai dit ça.
— Donc tu peux faire ami-ami avec elle et t’arranger pour avoir une photo de Julie Labrune ou à la rigueur une photo de classe où elle figure ou encore qu’elle te la désigne dans la cour du lycée.
— Pas de problème, je vais essayer, mais pas de résultat avant demain matin à la récré.
— C’est indispensable d’avoir cette photo, donc tu vas réussir ! conforta Florian.
— Je peux aussi demander à ma sœur de me la désigner, ça peut se faire tout de suite, compléta Amandine. Ensuite je lui tirerai le portrait discrètement et je vous l’enverrai à tous.
— La solution d’Amandine me semble meilleure et plus rapide, se défila Pierre-André et elle a le mérite de ne pas mettre d’autres personnes au courant de qui nous sommes et ce que nous faisons.
— OK, faisons comme ça. Voici comment j’imagine la suite : deux d’entre nous, un gars et une fille aux mines avenantes l’attendent à la sortie du lycée et se présentent en disant « nous sommes du CLASH et nous sommes là pour t’aider, moi c’est machine et lui c’est machin. Nous voulons discuter avec toi pour obtenir un maximum de renseignements.
— Elle va vous dire qu’elle ne connait pas son voleur ou sa voleuse, objecta Olivier.
— Et moi, si c’est moi qui l’interviewe, je lui répondrai qu’elle le connait sans savoir que c’est lui - ou elle - rétorqua Valentin.
— Là, tu t’avances un peu trop, fit Margot.
— Pas tant que cela. Le voleur est presque à coup sûr un mec ou une fille de terminale, probablement de sa classe ou de la terminale 6, avec qui elle n’a pas d’atomes crochus.
— Pourquoi ça ? questionna Emily.
— Parce qu’on ne vole pas ses amis, tiens donc ! intervint Gilles.
— Je me demande comment le voleur a fait pour pénétrer dans ce vestiaire. Les profs les ferment à clé pendant les cours, réfléchit Charly.
— Exact, donc c’est probablement une fille du groupe qui a fait le coup, continua Gilles.
— Ou quelqu’un qui possède un passe-partout, imagina Lucie.
— Le pion de jour vient d’ouvrir les grilles, je vais voir ma sœur pour me faire désigner la Julie. Surveillez vos phones.
— En attendant, on peut s’entendre sur les deux d’entre nous qui vont la contacter à la sortie. Je propose Mathilde et Valentin. Qui n’est pas d’accord ? s’amusa Bouboule.


1. Épisode du livre « Valentin détective ».