VALENTIN AU LYCÉE

2. Un message intéressant

Quinze jours plus tard, assis au bout du ponton de la super villa des parents de Charly, Valentin apaisait dans l’eau limpide du lac ses pieds meurtris par dix jours de randonnée en montagne. Le tour du massif du Mont-Blanc avait imprimé dans sa mémoire les merveilleux et exceptionnels paysages qu’il avait côtoyés. « Quelle chance j’ai d’habiter dans cette région… » se dit-il. Puis il se mit à penser à ses copains. Qui était encore dans les parages ? À qui proposer des activités ? à Quentin, à Pauline et peut-être à Margot si elle n’était pas retournée passer quelques jours chez ses grands-parents dans les Hauts de France. Je pourrais les inviter à gravir une petite montagne dans les Bauges ou faire le tour du tour du lac en vélo… Il en était là de ses réflexions quand son smartphone se mit à vibrer au fond du petit sac à dos qu’il emportait toujours quand il se déplaçait. Valentin ne se sentait pas le moins du monde esclave de son appareil. Il prit son temps pour activer l’engin et constata qu’un courriel l’attendait.

  Bonjour Valentin,
J’essaie d’écrire à toi en français mais je ne suis pas encore très bonne.
J’espère que le même numéro de phone tu as toujours pour ce message recevoir.
Mes parents cette année ont décidé dans les Alpes venir passer huit jours dans camping. Est-ce que tu connaitre un bel endroit pour être ?
Je serai très heureuse de revoir toi et Olivier.
Nous dans région Alpes le juillet 15.
Je bisou toi très fort.
  Inge


  Le message fit surgir en lui de nouvelles merveilleuses images de leurs vacances landaises : la pêche aux coquillages, leur victoire au tournoi de volley-ball des jeunes du camping de Mixelit, la première bagarre contre les adolescents allemands, l’arrestation des voleurs au rolljam, les longues promenades sur la plage et dans la forêt, le parfum envoûtant de la pierre d’ambre gris ramassée sur le sable par son amie, les baignades dans les vagues, l’exquise nudité de la petite naturiste, l’autre bataille sur la plage contre deux jeunes indélicats, le tendre baiser d’adieu de la jeune fille…
Il se demanda s’il n’était pas resté un peu amoureux de la belle adolescente danoise. Il fit venir à l’écran de son smartphone la photo d’Inge courant dans le plus simple appareil après les mouettes posées sur le sable de la plage déserte. Était-elle restée aussi simple et naturelle ?
Bon, visiblement elle souhaite que je lui donne une adresse de camping. Le problème c’est qu’en cette saison ceux-ci sont pris d’assaut. Ses parents seront là le 15 juillet pour huit jours dit-elle. S’ils s’y prennent au dernier moment ils ne trouveront rien à Saint Thomas du lac, il faudrait que je réserve pour eux. Comment faire ? Téléphoner ? Trop anonyme, je préfère le contact direct avec les gens des réceptions, donc il faut que j’aille en personne discuter à l’accueil de chaque terrain. Oui mais si je trouve, il va falloir payer des… comment on dit… ah oui des arrhes. Bah, je verrai bien. Grand-père m’avancera l’argent et les parents d’Inge me rembourseront. Par quel camping vais-je commencer ? Quand quelqu’un vient dans la région, il a plutôt envie d’être près du lac donc… Allez, je fonce.
  Deux heures plus tard, Valentin n’avait rien trouvé, tous les campings affichaient complet du quinze juillet au quinze août et, sauf défection de dernière minute, les parents d’Inge avaient peu de chances d’obtenir un emplacement. Une vague de découragement le submergea mais rapidement il se remit à réfléchir et lui vint alors une idée : le camping privé près du camp scout !
Il y avait toujours quelques places libres même en haute saison.
Très aimablement accueilli par une dame d’un certain âge à l’accueil du lieu, il exposa clairement sa requête. « Bonjour madame, je me nomme Valentin Valmont et j’habite à Saint Thomas, donc ce que je vais vous demander n’est pas pour moi mais pour des amis danois qui désirent venir huit jours dans la région à compter du quinze juillet. »
— Oui, je t’écoute mon garçon.
— Je sais que c’est un camp privé alors ma question est : que faut-il faire pour avoir le droit de camper ici ?
— Il faut être adhérent de notre club, donc payer une cotisation annuelle de trente euros par adulte et dix euros pour un jeune et ensuite payer les nuitées passées dans le camp.
— Pouvez-vous estimer le prix de celles-ci : deux adultes et une jeune fille de seize ans dans un petit camping-car type van.
— Facilement ! Par jour un peu moins de trente euros, électricité comprise.
— Donc si j’ai bien compris pour huit jours, cela leur reviendrait à trois cent dix euros en tout. C’est beaucoup moins cher que dans tous les autres campings que j’ai visités.
— Tu calcules bien toi ! Et c’est sans compter que cette cotisation annuelle donne le droit de résider dans tous les autres camps du groupe. Il y en a quatre-vingt-dix répartis dans toutes les régions de France.
— Comment se fait l’adhésion ?
— Sur Internet directement. On paye les cotisations en ligne et on peut même faire des réservations. Les nuitées se règlent en fin de séjour dans le camp où l’on a séjourné.
— Merci infiniment pour votre accueil et tous ces renseignements. Il ne me manque que l’adresse internet de votre groupement.
— Tiens voici un prospectus avec les renseignements voulus. Quand tes amis arriveront, viens avec eux me voir à l’emplacement dix-sept. Je leur expliquerai tout.
— Merci encore et à bientôt madame, sourit Valentin en remettant sa casquette américaine.
« Il me semble que tout s’arrange au mieux. Je vais envoyer un topo à Inge, je pense que ses parents vont accepter tout de suite. C’est bien chouette tout ça. Quelles activités pourrais-je ensuite leur suggérer ? »