VALENTIN AU LYCÉE

29. Discussion sérieuse

Le temps était heureusement plutôt clément ce samedi, ce qui n’empêcha pas Pierre-André dès son arrivée en VTT de tenter de réchauffer ses extrémités en soufflant sur le bout de ses doigts, en tapant des pieds, en exécutant de larges moulinets de ses deux bras. Son manège dura plus d’une minute après quoi, le groupe étant au complet, il posa le sac prêté par Charly sur la table à tréteaux et l’ouvrit.
— Et voilà l’objet, dit-il satisfait en sortant le sac bandoulière du premier.
— Audrey n’a pas fait de difficulté ? demanda Emily.
— Oh non, au contraire ! Elle s’est montrée hyper soulagée d’en être débarrassée.
— Charly, tu as un tournevis et un marteau ? demanda Olivier ?
— Doucement Olive. Avant de tout casser, réfléchissons encore un peu. Quel code mettriez-vous si vous étiez à la place du propriétaire de ce sac ? questionna Mathilde.
— Ma date d’anniversaire, proposa Pauline.
— Difficile à rentrer dans un code à trois chiffres, réfuta Lucie.
— Il faut quelque chose de facile à mémoriser car un code oublié plonge celui qui veut ouvrir dans la galère où nous sommes présentement, réfléchit Gilles.
— Le code au départ quand on achète l’objet, c’est toujours 000, dit Florian. Mes parents ont acheté deux valises récemment, c’était ça.
— Les codes les plus fréquemment utilisés, outre un nombre personnel auquel cas c’est mission presque impossible, c’est trois caractères identiques ou une suite à l’endroit ou à l’envers donc 1-1-1, 2-2-2, etc. jusqu’à 9-9-9, donc neuf possibilités, ou 0-1-2, 1-2-3, 2-3-4, jusqu’à 7-8-9 et la même chose à l’envers donc deux fois six combinaisons, en tout 15 séquences. À ceci il faut ajouter des nombres particuliers comme 732 ou 800… expliqua Mathilde.
— C’est quoi ces nombres ? demanda trop rapidement Olivier.
— La victoire de Charles Martel contre les arabes Omeyades à Poitiers, le couronnement de Charlemagne à Rome, voyons !
— Ah oui, je n’y pensais pas.
— Ça y est les amis, s’écria Gilles qui pendant la discussion essayait des combinaisons, c’est 555. Merci Mathilde. Voyons maintenant ce qu’il a dans le ventre.
— À l’odeur, je peux dire qu’il y a de la résine de cannabis, aucun doute là-dessus fit Eva qui s’était rapprochée du sac ouvert.
— Vous pouvez la croire, Eva possède toujours son odorat exceptionnel, vanta Bouboule.
— Il y a aussi des sacs de poudre blanche et d’autres remplis d’espèces de bonbons.
— Là, c’est grave ! s’exclama Valentin. Nous n’allons pas pouvoir en rester là, faire comme si nous ne savions pas.
— Oui mais dénoncer cela à la gendarmerie mettrait Audrey en danger, dit Emily soucieuse.
— Ce qui se passe de répréhensible en ville ne dépend pas de la gendarmerie mais de la police, corrigea Valentin. Ceci dit, suite à l’attentat dont Jade à été la victime,1 Gilles et moi connaissons le lieutenant Marchais du commissariat central. Nous pouvons aller le voir et lui expliquer tout cela en dissimulant l’identité d’Audrey.
— Il va nous tarabuster pour savoir, objecta Gilles.
— Mais il ne saura pas par nous. Il me vient une autre idée, continua Valentin. Rappelez vous le Hassen qui cherchait une “nourrice” pour entreposer son stock de poison. Je propose de mettre ce mec sous surveillance, de le photographier discrètement chaque fois qu’il se montre avec un nouveau copain, puis de présenter les photos à Audrey. Peut-être reconnaitra-t-elle son interlocuteur et si cela se produit, j’enverrai la photo au lieutenant Marchais.
— Et tu finiras par passer pour une balance dans le lycée car le CLASH commence à être connu et ça finira bien par se savoir, objecta Olivier.
— Écoute Olive, imagine que tu prennes connaissance d’une information d’importance vitale pour un ou une de tes amies, information qui mette en cause quelqu’un du lycée. Tu te trouves alors dans le cas de conscience suivant :
1. Tu dénonces et tu passes pour une balance, mais tu as peut-être sauvé la vie d’un ami.
2. Tu te tais mais tu peux être le responsable indirect de la mort de quelqu’un qui t’est cher.
Qu’est-ce que tu fais ?
— Évidemment, présenté comme ça il n’y a pas à hésiter, mais là ce n’est pas aussi grave.
— J’ai fait une recherche sur internet, continua Valentin, par an en France il y a plus de quatre cents décès prématurés dus à la drogue, aux US, c’est des milliers. Ne pas dénoncer, c’est un petit peu se rendre complice de cet état de fait. Ceux qui achètent et consomment ces poisons sont des inconscients mais ceux qui les vendent sont des criminels. Je ne suis pas pour dénoncer tout et n’importe quoi mais là, quelqu’un a demandé notre aide et je veux la lui donner. Simplement, il faut se montrer plus malin que les dealers et nous rendre insoupçonnables.
— Difficile, non ? fit Quentin. Comment comptes-tu t’y prendre ?
— Je vous laisse la surprise. En attendant, merci à tous, je vous tiendrai au courant. Gilles, tu peux tout remettre en place et me passer les deux sacs ?


1. Dans le tome 8 : Valentin et la nouvelle.