À la récréation de dix heures, le lendemain lundi, Valentin fit son compte-rendu aux membres du CLASH.
— Comme nous l’avions décidé, j’ai pu voir le lieutenant Marchais hier après-midi. Je lui ai remis la marchandise et raconté l’histoire d’Audrey mais sans donner son nom ni son quartier.
— Donc pour Audrey, à part être débarrassée de la “came-lote”, elle n’est toujours pas tranquille : le mec qui a cru pouvoir se servir d’elle peut la retrouver et la mettre à l’amende. C’est bien comme ça leur technique à ces pourritures, non ? affirma Olivier.
— Malheureusement oui, approuva Valentin. Il nous faut absolument trouver un truc pour neutraliser un mec que nous ne connaissons pas, car que peut faire le lieutenant pour aller dans le sens que nous voulons ?
— Une recherche d’empreintes et d’ADN dans le sac et si elles figurent dans un fichier de la police, le mec est cuit, affirma péremptoirement Gilles.
— Il trouvera surtout les tiennes d’empreintes mon vieux, c’est toi qui a trouvé la combinaison de la serrure du sac et je te rappelle que tu es déjà fiché comme un repris de justice après l’histoire de la canette1, rappela Valentin.
— Il peut aussi chercher dans les boutiques qui vendent ce type de sac bandoulière, mais il est peu probable qu’un marchand se souvienne de tous ses clients, réfléchit tout haut Quentin.
— Donc c’est à nous de trouver et notre seul media, c’est la mémoire visuelle d’Audrey, imagina Mathilde.
— Et aussi auditive et olfactive, compléta Bouboule.
— Elle a dit qu’il avait la voix grave et sentait le fumée donc il faut repérer un mec d’au moins dix-huit ans qui a ces caractéristiques, mission impossible, se désola Margot.
— Attendez, pour l’odeur, nous avons Eva qui a le nez plus fin que celui de Cléopâtre.
— D’accord, Eva possède un odorat performant mais pas pour différencier la fumée de cigarette de celle d’un pétard ! douta Pierre-André.
— Pas de problème, je peux, glissa Eva. Je me promène dans la cour, passe près des mecs plutôt grands et repère ceux qui ont la sale odeur.
— Et après ? fit Lucie.
— Après je fais signe à Pascal et je m’arrange pour bousculer le mec qui va bien sûr m’enguirlander et là Pascal, roi de la dictée musicale avec son oreille absolue, mémorisera le registre vocal du type.
— Et si les deux indices vont dans le sens qu’on veut, je fais une photo avec la technique du faux selfie. J’envoie l’image à Emily qui la montre à Audrey qui dit oui ou non. Si ça matche, on a tout bon ! continua Bouboule.
— Bouboule, tu es incroyable, félicita Valentin.
— Comment tu fais pour être aussi malin, Pascal, félicita Margot.
— C’est que, quand on n’a pas le physique de Florian pour s’imposer, ni la beauté d’Emily pour séduire, ni la logique de Valentin pour comprendre, ni l’intelligence de Mathilde, ni les sous de Charly, ni, ni, ni... il faut imaginer des trucs pour exister, hein Eva ?
— Je peux ajouter quelque chose ? dit Pierre-André.
— Bien sûr, tu as autant de droit que les autres ici, rassura Gilles.
— Ce mec, si nous arrivons à le repérer, comme je suis le seul à habiter en ville, j’essaierai de le suivre pour le loger.
— L’image, l’adresse, l’odeur, il ne nous manquera que le nom si bien sûr on arrive à le repérer. Comment savoir ? Tu as une idée Bouboule ? demanda Emily.
— Moi, j’en ai une, intervint Margot. Je m’arrange pour le bousculer ou simplement le heurter en faisant semblant de me tordre le pied et je m’excuse aussitôt en disant « Pardon, je ne l’ai pas fait exprès. Oh mais c’est toi Dylan ? »
Là, ou il me répond « Non, moi c’est Intel, » ou alors il dit simplement : « Pas de mal ! » Dans ce cas, je lui dis : moi c’est Margot et toi ? Je te demande ça pour la prochaine fois où je te bousculerai ! » Il croira que je veux le draguer et il me le dira ! Je pourrai peut-être également avoir son 06.
— Ben toi aussi tu es super maline ! se réjouit Bouboule.
— Hé, doucement Margot, après tu ne pourras plus t’en débarrasser ! objecta Olivier.
— Oh si, facile, je dirai que je ne supporte pas les mecs qui se shootent.
— Bon, et bien faites au mieux les amis. Ce qui n’empêche pas les autres de faire des photos de tous les mecs qui puent et qui ont une grosse voix, ainsi que des clichés de Hassen et de tous ceux qui s’affichent avec lui, conclut Valentin.
— Au fait, le Hassen, ça fait un bout de temps qu’on ne le voit plus dans la cour, constata Gilles, en fait depuis notre confrontation chez le protal.
1. Dans le tome 8 : Valentin et la nouvelle.