VALENTIN AU LYCÉE

8. Première cantine
— Valentin, viens ! cria Amandine en faisant des grands gestes vers celui qui venait de sortir du bâtiment des classes.
— Coucou Titamande, fit Valentin. Ah, bonjour Camille, content de te voir.
— Charly ! cria encore Amandine avec les mêmes grands gestes, rejoins-nous, nous allons nous mettre à la même table. Il reste deux places, invite qui tu veux Val.
— Eva, Pascal, venez avec nous.
— Alors, fit Camille quand ils furent installés à table avec chacun son plateau repas, premières impressions sur le lycée ?
— Un peu intimidant, répondit Pascal, approuvé par Eva.
— Ben, ça serait pas mal si on était tous dans la même classe, fit Charly en souriant à Amandine.
— Pas assez de recul, je réserve mon avis, éluda Valentin. Camille, j’ai quelque chose à te demander, se décida-t-il en sortant son smartphone et en faisant venir à l’écran la photo expédiée par Bouboule. Est-ce que tu connais ces types ?
— Montre mieux, répondit Camille en saisissant l’appareil et en agrandissant les visages. J’en connais deux. Lui, c’est Mathis Legrand, dit-elle en désignant celui que Valentin voulait identifier, c’est un petit coq imbu de sa personne qui croit que tout lui est dû, très chiant donc et l’autre là à côté s’appelle Loïs Dumarest, c’est son copain et c’est un bagarreur. Ils sont tous les deux en première. Le troisième, je le connais de vue mais j’ignore son nom. Pourquoi tu veux savoir ça ?
— Celui que tu appelles Mathis a commencé à me chercher avant même que nous soyons rentrés dans la cour du lycée. Comme il vaut toujours mieux connaitre ses ennemis, je me renseigne.
— Je sais que tu peux être très… efficace mais méfie-toi de lui, il peut cogner sans prévenir surtout s’il a son copain Lois à côté de lui.
— OK. Merci Camille, un homme averti en vaut deux, quatre s’il a un ami avec lui. Le principe est donc de ne jamais rester seul.
— Tu sais que je suis avec toi Val, fit Charly.
— Oui, merci, je sais que je peux compter sur les gars de mon équipe. L’ennui, c’est que maintenant nous sommes dispersés, mais j’ai quelques ressources. Et toi Camille, ça va ?— — Oui, top, mais avec le bac en fin d’année quand même ! Tiens, voilà Mathis qui arrive avec son plateau. Ne te retourne pas, il regarde vers nous. Bon, ça va, il s’installe plus loin avec ses deux copains. Je crois qu’il t’a désigné aux autres, fais gaffe à la sortie.
— Amandine, toi qui leur fais face, je désire savoir s’ils sont droitiers ou gauchers.
— Attends un peu… Mathis mange de la main droite, Lois aussi et… et le troisième également.
— OK, merci.
— Pourquoi veux-tu savoir ça ?
— Le nommé Mathis a commencé par m’agresser ce matin alors que le portail n’était pas encore ouvert. S’il revient à la charge contre moi ou ceux qui sont avec moi comme toi Bouboule ou Florian, il faut savoir par quel bras il cognera d’abord. Cela nous donne un premier petit avantage. Pour la suite, personnellement je me suis fait toute une série de schémas de défense à appliquer selon les circonstances, Pascal le sait et toi aussi Titamande, hein ? Jade l’a appris à ses dépens1 ! S’il se passe quelque chose, ce sera en attendant le car navette pour Saint Thom. Je repars avec Florian et Pascal cet après-midi. Nous serons trois, il n’osera pas se frotter à nous mais s’il essaie quand même, il aura une surprise.

Valentin, Pascal et Florian attendaient le car du retour sur le trottoir de l’autre côté de la rue du lycée. Ils échangeaient leurs impressions sur les activités de l’après-midi quand une voix se fit entendre derrière eux.
— Dis-donc tête de nœud, ça ne serait pas toi qui m’a insulté ce matin ? fit le dénommé Mathis en poussant Florian à l’épaule pendant que ses complices se plaçaient, Loïs à côté de Valentin et l’autre près de Pascal.
Florian se retourna lentement, regarda successivement Loïs puis l’autre et enfin Mathis.
— Oh, mais c’est Ducon prénommé Minable que voilà, tu as amené tes chiens de garde ? fit-il en se marrant.
— Tu retires ça tout de suite Machin, fit Mathis en essayant de prendre un air terrible.
— Sinon ? s’amusa Florian.
— Sinon tu vas recevoir la trempe de ta vie.
— Ah, voyons comment tu vas t’y prendre, monsieur Ducon.
— Comme ça, fit le belliqueux en tentant d’allonger un direct du droit au visage de Florian.
Celui-ci, réflexes affutés, prévenu par Valentin et sur ses gardes, d’une rapide montée de sa main gauche bloqua le poing de l’autre avant contact, l’emprisonna d’une puissante poigne et tordit.
— Aïe ! hurla Mathis. Lois, Nathan, cognez-le les mecs !
Les deux compères esquissèrent chacun un mouvement pour lui venir en aide. Ce furent les signaux qu’attendaient Pascal et Valentin sur leurs gardes également. D’un violent coup de talon, Bouboule écrasa les orteils du maintenant dénommé Nathan tandis que Val, d’un coup du pointu du pied droit taclait la cheville gauche de Loïs. Les deux complices poussèrent un même cri de douleur et tombèrent assis sur le trottoir en tenant les endroits touchés à pleines mains. Florian continua la torsion du poignet de Mathis en s’aidant de son autre main jusqu’à ce qu’il rejoigne ses copains sur l’asphalte.
— Fin du premier round, se moqua Florian, trois knock-down. On continuera demain si vous voulez bien, voici notre car qui arrive.

— Ça commence bien le lycée ! commenta Pascal en se marrant quand ils furent installés dans la navette de Saint Thomas du lac.
— Nous avons réussi à neutraliser les trois rigolos qui nous cherchaient grâce à ta force et tes réflexes Flo, mais qu’arriverait-il à Bouboule s’ils pouvaient le coincer. Même si tu es malin et si on t’apprend des techniques de combat, Pascal, il faut de la force pour neutraliser plus grand et plus fort sue soi. Ce que je préconise, dites-moi si vous êtes d’accord, c’est de ne jamais rester seul. À deux, c’est un minimum, à trois ça va, à quatre c’est mieux.
— Moi aussi je me suis fait un schéma d’action si on me cherche, confia Bouboule. Un, je me barre le plus vite que je peux. Deux, si je suis bloqué, j’annonce que mon père est CRS. C’est invérifiable et ça fait réfléchir. Si malgré tout on cherche à me cogner, je hurle le plus fort possible pour attirer des témoins. Maintenant, je veux bien apprendre quelques coups de défense en plus de mes coups de talon, cela me permettrait de gagner un peu de temps pour m’échapper au cas où...
— D’ac Pascal, viens chez mes grands-parents tout à l’heure, je t’apprendrai les coups les plus méchants que je connaisse.


1. Dans le tome huit des aventures de Valentin : Valentin et la Nouvelle