VALENTIN S'AFFIRME

19. RENSEIGNEMENTS

Son ami parti, Valentin se mit à réfléchir à la meilleure façon de présenter sa requête à l’adjudant-chef Lemoine. Il ne lui fallut pas longtemps pour imaginer son entrée en matière. Il afficha la liste de ses contacts sur son smartphone et toucha le nom de l’adjudant-chef.
— Bonjour monsieur Lemoine, c’est Valentin, je ne vous dérange pas ? Comment allez-vous ? Comment va la brigade ?
— Ça ronronne. Et toi, que deviens-tu ? Ton voyage à la BBC de Londres s’est bien passé ?
— Comment diable pouvez-vous savoir que je suis allé à Londres récemment ?
— Ton esprit de déduction se serait-il émoussé, Valentin ?
— Je sais que vous avez des pouvoirs et que vous êtes un bon enquêteur mais je ne vois vraiment pas comment...
— Si je te dis commissariat de Paddington Green et inspecteur chef Manson, tu y vois plus clair ?
— Notre voyage scolaire de novembre dernier, mais je ne vois aucun rapport...
— N’aurais-tu pas donné mon nom à ce confrère anglais pour que je garantisse ton honnêteté ?
— Oui mais...
— Valentin, je sais tout de ton implication dans la défense de tes deux camarades de classe qui ne le méritaient peut-être pas et aussi ton rôle dans l’affaire du train Londres – Bristol. À la suite de quoi l’inspecteur chef Manson m’a contacté pour avoir des renseignements sur toi. C’est un homme qui connaît bien notre département et nous avons sympathisé. Il m’a récemment appelé pour me signaler que tu étais pressenti pour participer à une émission de télévision sur le thème de la passivité des témoins lors d’agressions et il voulait avoir ton adresse.
— Ah, d’accord, voilà comment la BBC m’a trouvé ! Je me suis longtemps posé la question. Heu, monsieur Lemoine, il s’agissait du train de Brighton et non de Bristol, mais sinon, oui, tout s’est bien passé, mes grands-parents étaient ravis de découvrir Londres. Dites, je vous appelle, mais je ne sais pas si c’est dans vos compétences, comment retrouver le nom et l’adresse du propriétaire d’un ancien numéro de téléphone portable ?
— Dans le cadre d’une enquête officielle, il nous est possible de demander ces renseignements à l’opérateur de téléphonie.
— Et pour qu’une enquête devienne officielle ?
— Il faut être saisi d’une plainte qui est communiquée au procureur de la république lequel décide s’il doit donner suite ou pas.
— Mais vous, si par exemple vous avez des doutes, des soupçons, quelque chose qui vous intrigue, vous pouvez faire des recherches de votre propre chef ?
— Bien entendu. Hum, je présume que tu vas me demander quelque chose, non ?
— En trois phrases. Il y a deux jours, je suis allé en montagne dans le massif avec mon grand-père pour chercher des morilles. J’ai par la même occasion trouvé un vieux téléphone portable qui avait encore sa carte SIM. J’ai pu retrouver le numéro correspondant ainsi que l’opérateur mais ce numéro est désaffecté et je ne peux pas retrouver le propriétaire, pouvez-vous m’aider ?
— Ce n’est pas bien réglementaire ce que tu me demandes là mais eu égard aux services que tu m’as rendus, je vais te faire rechercher ça. Passe à la brigade demain dans la matinée. Je ne serai pas là mais le brigadier de service sera prévenu et aura tes renseignements. C’est tout ce que tu voulais ?
— Ça et prendre de vos nouvelles monsieur Lemoine.
— Ah ah ah, tu vois, ce que j’apprécie chez toi, c’est ta facilité à bien saisir le contexte, ici tu m’appelles monsieur Lemoine et quand tu viens à la brigade, tu me donnes du « mon adjudant-chef ! »
— C’est par rapport à vos subordonnés.
— Au fait, vous avez trouvé des champignons ?
— Oui, pas mal, mon grand-père connaît bien les coins favorables dans le massif et...
— Attends, obligation professionnelle, il faut que je raccroche Valentin, donne-moi ton numéro et l’opérateur que je note tout ça.