Pauline et Quentin pénétrèrent dans le grand garage à l'entrée du village et se dirigèrent vers un bureau ouvert marqué « Accueil ». Quand la femme assise derrière un écran d'ordinateur leva les yeux vers eux, Pauline demanda :
— Bonjour madame, nous serait-il possible de voir le directeur du garage ? C'est pour le collège.
— Allez voir au fond de l’atelier, le monsieur en salopette bleue, c'est lui.
Les deux adolescents se dirigèrent vers un réduit dans lequel un homme également assis derrière un ordinateur, faisait défiler sur son écran des listes de pièces mécaniques référencées. Il leva les yeux vers les arrivants.
— C'est pourquoi ? dit-il puis, étonné par leur jeune âge, plaisanta : vous venez acheter une voiture ?
— Bonjour monsieur, nous aimerions bien, répondit Pauline en souriant tandis que Quentin ôtait sa casquette en signe de salutation, mais nous allons encore attendre un peu.
— Je m'en doute, dit l'homme amadoué, que puis-je faire pour vous ?
— Nous sommes élèves au collège de Saint Thomas, lui c'est Quentin et moi je m'appelle Pauline. Notre classe fait actuellement des enquêtes sur les différents métiers, nous c'est dans le secteur automobile.
— Dans ce domaine, il y a différentes professions : vendeur, mécanicien, carrossier, hôtesse d'accueil, comptabilité gestion, quel domaine vous intéresse ?
— Les secteurs traditionnels, mécanique et carrosserie, précisa Quentin.
— Ce sont des domaines dans lesquels il n'y a pas de chômage, on est toujours à la recherche de jeunes intelligents et motivés. Le métier t'intéresse ?
— Tout ce qui concerne l'automobile me passionne. Est-il possible de discuter avec votre personnel ?
— Mon chef mécanicien n'est pas sur place mais vous pouvez visiter l'atelier de peinture et de carrosserie, je vais vous présenter à mon chef carrossier. « Louis, oh, Louis ! cria-t-il à travers l'atelier, viens voir ! »
Louis, voici deux jeunes du collège qui veulent des renseignements sur ta profession. Tu veux bien t'en occuper ? Tenez les jeunes, voici deux masques, mettez-les quand vous entrerez dans l'atelier de peinture, il y a des émanations de produits chimiques dangereuses à respirer. Vous êtes en de bonnes mains avec Louis, je vous laisse.
— Bonjour vous deux, suivez-moi, que désirez-vous savoir ?
— Bonjour monsieur, merci de vous occuper de nous, sourit Pauline.
— Bonjour monsieur, fit également Quentin. Alors heu, supposons que je vienne de bugner ma voiture et que je j'aie enfoncé une aile, comment faites-vous pour la réparer ?
— Il y a deux cas : si une pièce est fortement endommagée, on la change carrément. S'il s'agit d'un petit choc, avec des outils spéciaux qu'on appelle des formes, on la décabosse. Quand tout est remis en bon état, on repeint. L'atelier de peinture, c'est cette pièce avec un gros aspirateur-ventilateur pour assainir l'air.
— Vous avez des exemples de voitures que vous devez réparer ?
— Venez avec moi sur le parking. Tenez cette C3 Citroën grise, elle s'est fait emboutir l'arrière par quelqu'un qui n'a pas su freiner à temps. Pour celle-là il faut changer la cinquième porte, une aile, décabosser la jupe et changer la plaque d'immatriculation. Vous avez aussi cette 208 qui vient de rentrer, ajouta-t- il en désignant un véhicule bleu marine à l'aile avant enfoncée. Un arbre a dû traverser la route et le gars a carrément foncé dedans.
Pauline et Quentin rirent en chœur à cette facétie du professionnel.
— Comment le conducteur a-t-il pu faire pour avoir un tel accident ? Il faut le faire exprès !
— Tout le monde n'est pas bon conducteur mademoiselle.
— Ça prend combien de temps pour réparer tout ça ?
— Une aile, un capot et un phare à changer plus un décabossage masticage, au bas mot deux jours de travail.
— Il en aura pour cher ?
— À vue de nez, pas loin de trois mille euros.
— C'est marrant dit Quentin en désignant l'aile abîmée de la 208, la partie cabossée et propre alors que le reste de la carrosserie est poussiéreux.
— Dis donc, tu as l’œil, toi ! C'est une qualité dans le métier.
— Quand le directeur du garage vous a appelé, vous étiez en train de frotter une carrosserie, vous pouvez me montrer comment vous faites et pourquoi ?
— J'étais en train de faire un ponçage après masticage.
— Vous pouvez nous montrer ?
— Mets ton masque et suis-moi.
— Tu viens Pauline ? fit Quentin en se retournant et en faisant un double clin d’œil appuyés à sa copine pour lui signifier de rester dehors et de prendre des photos.
— Non merci, moi je suis plus intéressée par la vente, je préfère rester dehors.
— Donc, si j'ai bien compris, ajouta Quentin à l'intention du professionnel, pour les gros dégâts, on change les pièces et pour les plus petits, on décabosse, on mastique, on ponce et on peint.
— C'est exactement ça. Tu m'as l'air doué, toi.
— Pouvez-vous me montrer les outils que vous employez ?
— Les formes et les marteaux spéciaux ? Ils sont là sur le présentoir.
— Je peux les prendre en photo ?
— Mais oui, pas de problème. Comment t'appelles-tu ?
— Moi c'est Quentin et ma camarade c'est Pauline mais je crois qu'elle n'aime pas se salir les mains.
— Ça c'est les filles !
— En tout cas, merci beaucoup monsieur Louis, c'était très intéressant.
— Si un jour tu as envie d'en faire ton métier, n'hésite pas à me contacter pour avoir des conseils.
— Promis monsieur Louis, au revoir et merci encore.
Quand ils se furent éloignés du garage, Quentin demanda :
— Tu as pu faire des photos ?
— Tout un stock ! De près, de loin, sous tous les angles et j'ai même pu prendre un cliché de deux éraflures sur l'aile arrière gauche de la voiture.
— Tu as aussi pris une photo de la plaque d'immatriculation ?
— Euh non, pas en gros plan mais sur une vue d'ensemble on peut lire le numéro.
— Je crois que nous avons réussi Pauline. Valentin va être content. Nous exposerons tout ça demain à la récré de dix heures. Ce soir, essaie de sélectionner tes meilleurs clichés et envoie-les-nous par MMS. Deux précautions valent mieux qu'une.