VALENTIN AMOUREUX

9. PROGRAMME

Au cours du pique-nique dans le petit parc verdoyant non loin de la pension Spencer, la sourde inquiétude d'être en pays étranger s'était estompée chez la plupart des adolescents, les esprits se détendaient. Les professeurs, beaucoup plus proches de leurs élèves qu'au collège, sans pour autant aller jusqu'à la familiarité, discutaient volontiers de choses et d'autres. Un petit groupe s'était rassemblé autour de Radissel.
— M'sieur, qu'est-ce qu'on fait c'apr ? questionna Clément.
— Promenade à Trafalgar square et la colonne Nelson.
— C'est bien ça ? demanda Morgane.
— C'est un des endroits de Londres à connaître, très fréquenté par une foule cosmopolite.
— M'sieur, pourquoi ils ont donné un nom de défaite à cette place ?
— Très drôle Tony.
— Et après Trafalgar ? continua Clément.
— On boira un coup à Trafalgar square, rigola Tony. Ce sera le coup de Trafalgar !
Le professeur d'anglais laissa les rires s'apaiser avant de répondre.
— Ensuite, retour à la pension et coucher tôt après cette longue journée car demain matin, British Museum !
— C'est intéressant ça ? insista Morgane.
— C'est un des cinq grands musées du monde avec le Louvre à Paris, l'Hermitage à Saint Petersbourg, le Metropolitan à New York et le Prado à Madrid. Si le monde entier trouve que c'est bien, c'est probablement que ça l'est, non ?
— Qu'est-ce qu'il y a à voir dedans ? s'enquit Gilles.
— Des objets remarquables provenant des civilisations antiques comme une statue de l’île de Pâques, la pierre de Rosette qui a servi à déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens, des sarcophages et des momies...
— Comme dans Tintin et les cigares du Pharaon, s'écria Romuald.
— Belle culture Romuald, approuva ironiquement Radissel, attention à la malédiction de la momie !
— On se déplacera comment ? s'inquiéta Morgane.
— We'll walk and take the tube,( à pied et en métro) répondit le professeur avec un large sourire.
— C'est quoi le tioube, m'sieur demanda Anaïs.
— The underground, le métro quoi.
— M'sieur, je croyais qu'on disait subway, intervint Marion.
— Ça c'est le nom américain. Après le musée et le packed lunch, nous irons nous balader sur les bords de la Tamise. C'est somptueux vous verrez. Nous marcherons beaucoup alors il faudra vous chausser en conséquence.
Valentin souffla à l'oreille de Bouboule « demande pour après-demain. »
— On marchera aussi beaucoup après-demain ? questionna finement ce dernier.
— Oui, quand même. Buckingham palace et la relève de la garde à dix heures du matin puis Big ben, Tower Bridge, Wesminster Abbaye et le soir, surprise !
— C'est quoi m'sieur ? C'est quoi ? C'est quoi ?
— Une surprise ! Bon, tout le monde a terminé le lunch ? Alors ramassez vos emballages et allez les jeter dans le container là-bas. Rassemblement à la porte du parc par laquelle nous sommes entrés.

— Ouf, je suis vanné, avoua Gilles une fois rentrés dans leur chambre.
— Moi aussi confessa Bouboule, et toi Val ?
— Quand je suis intéressé, je ne sens plus la fatigue, c'était très chouette cette place Trafalgar square. Je crois que je vais bien dormir cette nuit quand même. Quel est le mot de passe Wifi de la pension ? enchaîna-t-il en sortant son iPhone.
— « harryspencerpension » tout en attaché et en minuscule, répondit Bouboule, c'était marqué à l'accueil.
— Ah, OK, et l'accueil est ouvert jusqu'à quelle heure ?
— C'est écrit « Closed at 1 am. » (Fermé à une heure du matin.)
— Toujours l’œil à l’affût notre Bouboule, commenta affectueusement Valentin. Je passe d'abord à la salle de bain, pas d'objection ?
Quand, à leur tour, ses deux amis sortirent de la salle d'eau, Valentin était étendu sur son lit, encore en tee-shirt et caleçon, écouteurs dans les oreilles, il ronflait doucement.