VALENTIN ET SES COPAINS

16. ZA ET YANCO

« Tu es tout songeur Valentin, » lui dit Isabelle sa grand-mère, « quelque chose ne va pas ? »
— Non grand-mère, tout va bien, simplement je me pose des questions.
— Des questions sur quoi ?
— Je me demande comment gagner de l’argent rapidement.
— Tu n’as pas assez d’argent de poche ?
— Oh si grand-mère, ce n’est pas pour moi que je veux de l’argent.
— Ah ! Tu veux bien me raconter ?
— En deux mots, nous avons une copine au collège qui a perdu sa mère récemment et dont le père est au chômage. Avec mes amis, nous voulons aider le père à monter son entreprise d’entretien d’espaces verts. Seulement voilà, le matériel coûte une fortune.
— Combien lui faut-il ?
— Plus de sept milles euros.
— En effet, c’est une somme !
— Les autres copains font des petits boulots pour aider à financer : nettoyage de voitures, nettoyage des tombes pour cinq euros la prestation, ça ne va pas avancer vite. Alors je cherche des moyens de gagner plus rapidement. J’ai lancé une souscription sur internet et j’attends les résultats.
— Et cet homme, qu’est-ce qu’il fait pour s’aider ?
— Nous avons mis des annonces de propositions de services dans toutes les boites aux lettres des villas du village. Il a vraiment envie de travailler.
— Ce sont les papiers que tu as imprimés avant-hier ?
— Oui, c’est ça.
— Tu en as un exemplaire à me montrer ?
— Tiens, voici l’annonce. Je n’en ai pas mis dans notre boite car grand-père Jean-Claude fait tout lui-même.
— Il est sérieux cet homme ?
— Je le pense mais en fait, je n’en sais rien. Je sais seulement qu’il a envie de s’en sortir.
— Il sait réparer les tondeuses ?
— Il m’a dit que c’est un de ses points forts.
— Écoute Valentin, ton grand-père peste chaque fois qu’il doit démarrer la sienne. Elle aurait besoin d’un bon nettoyage. Je vais lui parler de ce monsieur... Comment déjà ?
— Monsieur Chevril. Merci grand-mère.
— Arrête de m’appeler grand-mère mon petit Valentin, ça me vieillit. Quand tu étais petit, tu ne savais pas bien dire Isabelle alors tu disais Za. Cela me faisait vraiment plaisir, pourquoi ne pas continuer ?
— OK, Za. Et grand-père, comment je l’appelais ?
— Jean-Claude, c’était trop difficile à dire, tu l’appelais Yanco, c’était charmant.
— Tu crois qu’il voudra que je l’appelle encore comme cela ?
— Essaie et tu verras.
Valentin se dirigea vers le bureau de son grand-père et demanda après avoir toqué une fois à la porte.
— Yanco, je peux entrer ?
— Hein ? Oh c’est toi mon petit Valentin, ça me fait plaisir que tu m’appelles comme ça. C’est ta grand-mère qui...
— Oui bien sûr, c’est Za.
— Tu désires quelque chose ?
— Oui, j’aimerais que tu me montres comment créer une page web et comment la mettre en ligne pour que puissent la voir les gens qui en auront l’adresse.
— C’est bien facile. Fais une esquisse, une maquette sur une feuille de papier et nous la créerons ensuite ensemble. Tiens, prends ma place au bureau, il faut que j’aille voir ta grand-mère, heu pardon, que j’aille parler à Za.
Resté seul dans le bureau, Valentin prit une feuille dans la cassette de l’imprimante et, muni d’un crayon feutre bleu, écrivit en parlant à mi-voix :
— D’abord je mets le titre en gros et bien centré :

Les jardins de Margot


Ensuite le sous-titre un peu plus petit :

État des dons et des comptes


Puis cinq colonnes :

Pseudos     Dons et dépôts     Total     Dépenses     Matériel


Et je marque ce qui est déjà collecté :

     papaboule          10 €               10 €
     pepi                    5 €               15 €

Évidemment, nous sommes encore bien loin des 7500 euros. Mais... Il n’y a plus qu’à attendre !

— Valentin, tu as fini ?
— Oui Yanco, ma maquette est prête.
— Je viens de discuter avec Za ! J’adore dire Za, ça me rappelles quand nous étions jeunes mariés. Donc elle m’a parlé de ton projet et je t’approuve à cent pour cent. Je vais appeler ce monsieur Chevril pour qu’il révise ma tondeuse. D’ailleurs, je le fais tout de suite… son numéro... voilà...
« Allô, monsieur Chevril ? J’ai vu votre annonce et j’aurais besoin de vos services, une tondeuse récalcitrante à vérifier, vous pouvez le faire ? Ah, pas avant demain après-midi ? Oui, vous avez des rendez-vous, je comprends. Donc demain après-midi, c’est d’accord. Je vous donne mon adresse. À demain. »
— Dis donc mon petit Valentin, on dirait que ton plan marche à merveille, il a déjà trois rendez-vous ce brave monsieur, deux cet après-midi et un demain matin.
— Super, Yanco, c’est exactement ce qu’il fallait pour qu’il reprenne confiance. J’ai eu des doutes mais maintenant je suis sûr que notre plan va fonctionner, répondit Valentin avec un sourire jusqu’aux oreilles.
— Bon, voyons cette maquette. Cela me semble parfait. J’en ai pour un quart d’heure à créer ta page. Comment veux-tu l’appeler ?
— Elle doit s’appeler margot, c’est le prénom de la fille de monsieur Chevril. J’ai déjà donné le nom de la page à mes copains pour lancer la souscription sur Facebook et donner confiance aux donateurs.
— Dis donc, on peut dire que tu sais anticiper, toi ! Bon, je lance mon logiciel de mise en page, je place le titre. Est-ce assez gros ?
— Impeccable !
— Le sous-titre... voilà... Pour la suite je crée un tableau... cinq colonnes... Le remplissage des colonnes... papaboule... pepi... C’est bon... Qu’est-ce que tu en penses ?
— Tu es un vrai pro Yanco !
— Si cela te convient, j’intitule la page : margot comme tu l’as demandé et je la sauvegarde à la racine de mon site. Voilà, il n’y a plus qu’à la transférer sur le serveur internet. Un coup de logiciel spécialisé et hop ! C’est en ligne, le monde entier peut voir ta page, du moins ceux qui en connaissent l’adresse. Vérifie sur ton smartphone ?
— C’est bon Yanco, c’est super , je vois la page. Les problèmes se résolvent les uns après les autres, merci pour ton aide.
— Quand tu voudras rajouter des lignes au tableau des dons, tu n’auras qu’à ouvrir la page avec le logiciel de mise en page, comme ça, écrire ce que tu veux dedans, sauvegarder et transférer avec le second logiciel, la page complétée remplacera la précédente, tu sauras faire ?
— Je le crois. J’appelle les copains pour savoir où ils en sont de leurs travaux d’utilité particulière. Merci Yanco.