VALENTIN DÉTECTIVE

16. PLAN D'ENSEMBLE

La 208 Peugeot entra lentement dans le petit parking près de l’entrée du camp scout. Un homme en sweat-shirt bleu et bermuda noir, casquette américaine noire sur le crâne en sortit laissant la portière côté chauffeur ouverte. Sous les regards étonnés des quatorze amis, c’est l’adjudant-chef Lemoine qui vint au-devant du groupe.
— Mon ad… commença à s’écrier Gilles, vivement rappelé au silence par un coup de coude et un regard significatif de Valentin.
— Je crois que nous sommes observés à la jumelle. Ne regardez surtout pas où je vais vous dire, c’est vers le nord, dans le virage de la route des prés. J’ai aperçu un homme qui semble se dissimuler derrière le buisson de noisetiers qui se trouve en face de la petite maison aux volets clos. C’est un reflet de soleil sur les lentilles qui l’a trahi.
— Tu te fais du cinéma Valentin ! estima Lemoine après un coup d’œil dans la direction indiquée. Alors, qui est Amandine ? poursuivit-il, un sourire bonhomme éclairant son visage de baroudeur. C’est toi, n’est-ce pas ? dit à la jeune fille au plaid sur les épaules. Comme convenu, tu vas venir avec moi…
— Uniquement si Pauline et Valentin m’accompagnent, coupa Amadine.
— J’ai convoqué un médecin, une doctoresse pour vérifier ton état de santé et tes parents viendront nous rejoindre très bientôt.
Valentin vint se placer entre le gendarme et son amie, face à celle-ci, de façon à ne laisser voir l’expression de son visage qu’à Amandine.
— Titamande, lui dit-il doucement, est-ce que cela te dérange si c’est Gilles qui me remplace pour t’accompagner ? J’avais complètement oublié que je dois rentrer à la maison, je suis même déjà en retard, expliqua-t-il en lui faisant un clin d’œil appuyé.
Amandine sembla comprendre le message et hocha affirmativement la tête.
— Oui, je veux bien Gilles, s’il est d’accord.
Gilles opina tout en jetant un regard interrogatif à Valentin qui lui répondit par un début de sourire.
— Mon adjudant-chef, bien entendu vous nous tenez au courant de tout, n’est-ce pas ? Par l’intermédiaire de Gilles qui nous enverra un message WhatsApp.
— Je tiendrai Gilles au courant de l’essentiel concernant votre amie. En route Amandine, monte derrière avec ton amie heu… Pauline.
— Pauline c’est moi, dit l’intéressée en agitant la main.
— Très bien. Gilles, installe-toi devant avec moi. Auparavant, attachez vos vélos ici. Je vous ferai raccompagner pour que vous puissiez les récupérer.

La 208 partie, Mathilde se tourna vers Valentin.
— Pourquoi ce changement de dernière minute, Val ?
— Un instant, Mathilde, j’envoie un SMS à Gilles. « Là où vous allez, ouvrez grand les yeux et les oreilles » dit-il en tapant son texte.
— Pourquoi lui dis-tu ça ? voulut savoir Lucie.
—Je leur demande de noter mentalement tout indice pouvant servir à la recherche des deux ravisseurs d’Amandine, car il faut absolument les identifier et pour ça, je compte sur vous tous. Gilles et Pauline ont la mission numéro un. Mission numéro deux, qui ?
Olivier leva instantanément la main, aussitôt imité par Margot.
— OK. Peut-être que je me fais du cinéma comme dit Lemoine, mais j’ai quand même l’intuition que l’homme que j’ai aperçu vers le tournant de la route n’est pas clair et je crois que notre observateur est toujours là. Donc, Olive et Margot, vous allez monter sur vos vélos et l’air de rien, vous diriger par cette route vers le départ de la digue aux platanes. Quand vous serez à proximité de la première maison, par exemple toi Margot, fais semblant d’avoir reçu un message sur ton smartphone et prends le mec en photo sans te faire remarquer. Restez longtemps sur place en faisant des manipulations de vos smartphones. S’il continue vers le chemin de la digue et se dirige vers le lac, envoyez-moi un texto et ce sera tout pour vous deux. S’il part d’un autre côté, laissez-lui de l’avance et suivez-le. C’est bon ?
OK, alors mission numéro trois, vous tous sauf Eva et Pascal, associez-vous par deux. Charly et Emily, oui, Lucie et Quentin, d’accord, Mathilde avec Florian, très bien. Je vous demande de sillonner les environs, de patrouiller dans tous les parkings à la recherche de l’ambulance. Il est possible qu’elle ait changé ses plaques suisses pour des françaises, possible aussi que le mot Ambulance ait été effacé ou masqué. Photographiez tous les utilitaires Renault de couleur blanche, soit stationnés, soit que vous croiserez.
— Tu crois que l’ambulance est toujours par ici ? interrogea Mathilde.
— Si l’homme qui nous observe est bien, comme je le suppose, un des faux infirmiers, elle est toujours dans les environs, mais sûrement maquillée pour être non repérable.
— Peut-être l’ont-ils brûlée, supposa Bouboule.
— C’est aussi à envisager. Pour le savoir, il faudra lire les faits divers dans les journaux de demain.
— Comment pourra-t-on être sûr que c’est le bon véhicule, si nous en voyons un ? s’interrogea Charly.
— Prenez en photo en gros plan ses plaques minéralogiques en plus d’une ou de plusieurs photos d’ensemble. En dernier recours nous demanderons à la gendarmerie de vérifier leurs propriétaires.
— Et toi, que vas-tu faire ? voulut savoir Emily.
— Comme je l’ai dit, m’associe avec Eva et Pascal. Nous allons passer par la plage puis rejoindre le bout de la digue aux platanes pour la remonter. J’aimerais bien croiser ce triste individu. Attendez, encore une chose, au cours de vos recherches, si vous voyez deux hommes ensemble, photographiez-les sans vous faire remarquer. Je suis conscient que nous tapons un peu dans tous les sens mais comme nous n’avons aucune certitude sur les ravisseurs d’Amandine, c’est la seule chose que nous pouvoir faire. Allez, top départ, faisons-nous des signes d’aurevoir. Je vous tiens au courant de la suite.