VALENTIN DÉTECTIVE

28. MARINE

Marine et Océane marchaient côte à côte dans la cour de récréation du collège. Cette dernière était encore bien pâlotte, secouée par intermittence par une toux sèche et sans force. Marine tenait à la main une photo sur papier ordinaire, retouchée par Valentin sur les indications de Florian.
— Alors les filles, on boude ? leur lança Romuald.
Marine haussa les épaules d’un air excédé tandis qu’Océane le regarda avec un air de reproche.
— Ben quoi, vous ne vous êtes pas marrées l’autre jour ?
Sans répondre, les jumelles s’éloignèrent. Marine, comme par inadvertance laissa tomber au sol le papier imprimé qu’elle tenait. Tony se précipita pour le ramasser.
— Hé, Marine, t’as perdu ça !
Jetant d’abord un œil discret, il regarda ensuite l’épreuve plus attentivement. Marine s’était retournée :
— Jette à la poubelle.
— Tu connais Freddy que tu as sa photo ?
— C’est qui Freddy ?
— Le copain d’un pote à mon frangin Kévin, c’est lui qui lui a vendu son Slide.
— Freddy comment ?
— Freddy Champex. T’as sa photo et tu ne le connais pas ?
— C’est pas à moi, c’est un papier que Marlin a laissé tomber en classe.
— Pourquoi est-ce qu’il a sa photo ?
— Je ne sais pas, je m’en fous, tu n’as qu’à lui demander.
— T’énerve pas, moi aussi je m’en fous. Tu veux encore rigoler ? Il nous reste cinq cartouches.
— Je veux bien rigoler mais sûrement pas avec ton poison. Tu n’as pas vu ce qu’il a fait à ma frangine ? Elle a été vachement malade avec ton truc, regarde-la, elle tousse sans arrêt, ça fait presque trois jours et elle n’est pas guérie. Alors tu fais ce que tu veux avec tes cartouches mais sans nous.
— Vous n’avez pas dit ce qu’on a fait à vos parents, hein ?
— Nous ne sommes pas idiotes.

Pendant le cours de physique-chimie qui suivit la récréation, madame Fontaine finit par remarquer la pâleur d’Océane.
— Océane, je trouve que tu tousses beaucoup, tu te sens bien ?
— J’ai eu une grosse crise d’asthme mais ça va mieux maintenant.
— Qu’est-ce qui a déclenché cette crise ? Tu le sais ?
— Oui, heu non, pas vraiment, je suis un peu allergique au pollen.
— Il n’y a plus beaucoup de pollen dans l’air au mois de septembre, ce doit être autre chose. Soigne-toi, évite les efforts physiques trop intenses.
— Oui, merci madame.
— Bien reprenons le cours sur les métaux et voyons la méthode pour les reconnaitre.
— M’dame, j’ai trouvé un site qui dit comment faire, triompha Clément.
— Bien. Va au tableau et explique à toute la classe.
— Ouais. Alors d’abord il faut prendre un aimant…
Profitant de l’explication sommaire de Clément et du fait que l’attention générale s’était détournée d’elles, Marine souffla à sa sœur et voisine « file-moi le phone de Valmont. » Une fois le numéro récupéré, smartphone sur les genoux, elle lui tapa un bref SMS « photo Freddy Champex » et, tournant la tête vers son ancien adversaire, lui montra discrètement son smartphone. Valentin lui fit le signe « oui » d’un mouvement du menton et, tout aussi discrètement consulta le sien. Satisfait, en réponse, il leva la main pouce en l’air.
— Valentin, tu as trouvé une autre méthode ? interrogea la jeune professeure voyant la main levée.
— Heu, heu… oui. Si nous pouvons mesurer le volume et la masse d’un morceau de métal, il est possible de calculer son poids spécifique. Ensuite consulter le tableau des densités nous donne la nature du métal.
— C’est là une méthode scientifique qui demande du matériel et des manipulations ultra précises, mais ce n’est pas faux…

Pendant le temps de la cantine qui suivit, l’équipe, assise sur l’herbe desséchée près de leur banc favori, toujours aussi motivée par la recherche des ravisseurs d’Amandine, avait décidé de faire le point. Pauline n’étant pas là, ce fut Gilles qui exposa la découverte et la nouvelle description du fourgon. Valentin enchaina en exposant le plan de recherche mis au point avec son lieutenant. D’accord sur le principe et les groupes proposés, Florian demanda néanmoins :
— Donc on recherche en priorité ce fourgon, et si on le trouve, qu’est-ce qu’on fait ?
— Il faut noter sa position pour la signaler à la gendarmerie, proposa Margot.
— Ne nous pressons pas trop pour les mettre dans le coup, je serais plus rassuré pour Amandine si nous réussissions d’abord à loger ces deux types ou au moins l’un des deux ; ensuite la gendarmerie pourra agir plus efficacement. J’ai obtenu le nom d’un des truands, je vous dirai comment plus tard. Je vous l’envoie à tous en texto. Si nous repérons le fourgon, cela voudra dire qu’il habite pas loin, donc nous pourrons demander son adresse aux personnes que nous rencontrerons.
— Et nous, les filles, qu’est-ce qu’on fait pendant ce temps ? demanda Bouboule au milieu des éclats de rire.
— Deux possibilités. Un, vous joindre à nous et faire l’ascension du col et peut-être pas mal de kilomètres derrière, ou deux, aller voir Amandine pour la distraire et lui faire oublier son cauchemar. Cela vous va mademoiselle Pascal ? Allez, hop, à table maintenant.