À la première récréation du jour suivant, avant de rejoindre le groupe des copains, Amandine prit une nouvelle fois Valentin à part et, après avoir fait un tour sur elle-même, le questionna.
— Alors ?
— Alors heu je ne suis pas un maquignon, Titamande.
— Merci bien pour la comparaison supposée !
— Heu, je veux dire que je ne sais pas bien estimer au coup d’œil, mais je te trouve jolie fille. Tu continues tes joggings ?
— Cinq kilomètres hier après-midi, et je ne compte pas abandonner.
— Nous savons tous que tu as de la volonté et que tu vas au bout de ce que tu entreprends. Viens, allons avec les autres sinon ils vont se faire des idées.
— Alors Val, interpela Gilles quand ils eurent rejoint le groupe, qu’est-ce que tu penses du nouveau prof d’espagnol, monsieur Pepi ?
— Je ne me fais pas une opinion en une heure seulement, mais ma première impression est plutôt favorable.
— Comment va-t-on l’appeler ? lança Florian à la cantonade. Quelqu’un connait son prénom ?
— Si on ne le connait pas, on n’a qu’à l’appeler Pepito, proposa Bouboule, ça fait espagnol et en plus j’aime bien ces gâteaux-là. Flûte, ça sonne déjà ! Qu’est-ce qu’on a maintenant ?
— Musique puis anglais, se réjouit Mathilde.
— Et gym cet aprèm ! jubila Florian.
La cantine n’était pas encore opérationnelle. Le temps de midi étant restreint, dès la sonnerie de midi, les élèves se hâtèrent vers leurs domiciles. Au lieu de se diriger vers la maison de ses grands-parents, Valentin prit d’abord celle du supermarché du village. À l’intérieur de celui-ci, il avisa une employée qui mettait en rayon des produits d’hygiène et de beauté.
— Madame s’il vous plait, où se trouvent les produits de mercerie.
— Dans la travée du milieu, en tête de la troisième gondole.
— Merci.
À la reprise des cours de l’après-midi, alors que tous ceux de la classe se dirigeaient vers le gymnase, Valentin vint se placer à côté d’Amandine.
— Titamande, je ne suis pas spécialiste de ce que tu m’as demandé ce matin, alors tiens, un petit cadeau qui me remplacera avantageusement. Et il lui glissa dans la main un petit sachet contenant le mètre-ruban de couturière qu’il venait de se procurer au supermarché pour à peine plus d’un euro.
Amandine jeta un coup d’œil dans le sachet et éclata de rire.
— Merci Valentin, c’est très gentil de ta part, et elle lui colla un gros baiser sur la joue, ce qui n’échappa pas à Emily laquelle discutait avec Margot en fin de colonne.
Après la séance d’éducation physique, les filles de la classe de troisième C sortirent avant les autres de leur vestiaire, Emily attendit la venue des garçons et aborda un Valentin encore rouge et suant des efforts du petit match de hand-ball qu’il venait de disputer. Elle lui demanda d’un ton qu’elle s’efforça de rendre anodin :
— C’était bien votre séance ? Tu as bien joué ?
— Ah oui, super, merci.
— Dis-moi, juste avant la gym, je t’ai vu donner quelque chose à Amandine mais ni aux autres copines ni à moi, il y a une raison ?
— Absolument Emily.
— C’était quoi ?
— Un petit cadeau pour entretenir l’amitié.
— Je peux savoir ce que c’était ? ajouta-t-elle toujours sur le même ton mais en pinçant un peu les lèvres.
— Je ne me sens pas le droit de le dire.
— Et pourquoi moi je n’aurais pas droit à ce même cadeau ?
— Parce que toi tu n’en as pas besoin, expliqua Valentin en riant.
— Ah bon ? Tu ne veux vraiment pas me dire ?
— Elle est au niveau du portail, rattrape-la et demande-le-lui. À jeudi Emily.