Pauline et Quentin furent les premiers à se présenter au petit portail séparant la pelouse de la maison de Charly du chemin des Roselières. Il était seize heures et cinq minutes. Une dame élégante apparut sur le perron de la luxueuse villa et les héla.
— Vous faites partie des amis de Charles-Henri ? Il vient de me prévenir, vous pouvez entrer, il ne va pas tarder.
Après avoir fixé leurs vélos à la clôture, les deux adolescents pénétrèrent sur la pelouse.
— Installez-vous dans les fauteuils toilés, je vous fais porter des rafraichissements.
Deux minutes plus tard une femme entre deux âges vint dresser une table tréteau sur laquelle elle disposa des verres ainsi un seau plein de glaçons et de canettes de soda.
— Ils font toujours bien les choses chez Charly, observa Pauline.
— Ils peuvent se le permettre, ils ont les moyens.
— Mais rien ne les y oblige.
— C’est vrai. Ah je crois que je les entends.
Les onze adolescents arrivaient en file indienne sur le chemin du bord du lac. Tous abandonnèrent leurs vélos contre la clôture sauf Charly qui rentra le sien.
— Alors, qu’est-ce que vous avez appris ? questionna immédiatement Gilles.
— Deux choses répondit Pauline. Premièrement, Amandine a fait un grand circuit par la digue aux ânes et le bord du lac jusqu’à la plage mardi dernier, on a des témoignages. Ensuite, pour le reste du parcours, comme on ne savait pas exactement quel chemin prendre, on a choisi de rentrer en longeant la rivière. Dans le bois où il y a le parcours de santé, on a rencontré un vieux monsieur sur son vélo électrique qui nous a affirmé avoir vu Amandine courir en empruntant le chemin du bois le plus près de la route et se diriger vers le lac. C’était mercredi, nous a-t-il certifié.
— Un vieux monsieur dis-tu, sa mémoire n’est peut-être pas fiable, observa Gilles.
— En tous cas, il a su nous reconnaitre comme des élèves du collège, argumenta Quentin. Il nous a au contraire semblé fier de sa mémoire.
— Il semblerait donc qu’Amandine ait choisi de faire le même circuit que le jour où je l’ai rencontrée un peu avant la rentrée, observa tout haut Valentin. Ce monsieur, vous le connaissez ? Vous l’aviez déjà vu ?
— Pas le souvenir de ça, répondit Quentin.
— Il faut absolument que nous le retrouvions, c’est notre seule piste, fit remarquer Mathilde. Avez-vous noté des détails sur lui qui pourraient nous aider à le localiser ?
— Je ne sais pas trop… hésita Pauline.
— Voyons, dit Valentin prenant l’initiative des questions, un vieux monsieur, quel âge à peu près ?
— Je dirai l’âge de mon grand-père, répondit Quentin, quatre-vingts ans à peu près.
— Comment était-il habillé ?
— Il avait un bermuda bleu clair avec des grandes poches sur les cuisses, un T-shirt bleu foncé et une casquette américaine bleue marquée LA.
— Son vélo ?
— Un vélo électrique gris.
— Sur le cadre, avait une marque marrante, c’était écrit « Moustache », ajouta Pauline.
— Il faut absolument retrouver ce monsieur, décida Valentin. Si cet homme a une bonne mémoire, il a pu repérer certains détails qui pourraient nous aider, c’est notre seule chance.
— Je crois que je connais ce monsieur, dit timidement Eva, en tout cas je sais où il habite mais j’ignore son nom.
— Il demeure où ? pressa Florian.
— Dans le bel immeuble près de la passerelle des écoliers au bord de la rivière. Plusieurs fois en passant par-là, je l’ai vu sortir des garages de sa résidence.
— Merci Eva, grâce à toi nous venons de progresser. Il faut prendre contact avec cet homme et solliciter sa mémoire. Je veux bien m’en charger. Eva, est-ce que tu peux m’accompagner ?
— Oui, je téléphone d’abord à ma mère pour éviter qu’elle s’inquiète.
— Buvez quand même un coup avant de partir, offrit Charly.
— OK merci. Nous vous tiendrons tous au courant.