VALENTIN ET LA NOUVELLE

12. L'ACTION DE GILLES

Gyrophares tournant et sirènes deux-tons hurlant, les deux véhicules s’éloignèrent. Gilles, resté près des VTT, complètement abasourdi par la succession d’évènements tout à fait inattendus et tellement improbables qui venaient de se succéder tentait de reprendre ses esprits.
« Que ferait Valentin si la situation était inversée, lui libre et moi embarqué par la police ? Il préviendrait la famille ? Non, trop prématuré ce serait l’inquiéter inutilement. Tel que je le connais, il va dire honnêtement aux policiers tout ce qui s’est passé. Le problème est : vont-ils le croire ? Valentin n’a pas vu le type à la capuche lancer le contenu de sa canette au visage de la fille puisqu’il s’appliquait à bien cadrer une photo, donc il ne pourra pas décrire l’action. Aïe !
Quel était le contenu de cette boite de soda que le mec a lancé au visage de la fille ? Sûrement pas de la boisson vu les hurlements de douleur de l’agressée. Cette boite, il n’a pas dû la conserver, il l’a probablement jetée quelque part pas loin d’ici. Il faudrait que je la retrouve pour prouver ce que Valentin va raconter aux flics. Voyons, il ne l’a pas balancée à la rivière, je l’aurai remarqué. Je vais faire le tour du quartier et regarder dans les collecteurs de déchets. »
Gilles parcourut les rues les plus proches du lieu de l’agression. Les petites poubelles urbaines possédaient toutes une ouverture sur le côté ne permettant pas de voir leur contenu. C’est donc en dominant sa gêne et avec un peu de honte vis-à-vis des passants réprobateurs qu’il fouilla à l’aveugle et put ainsi récupérer quelques canettes de boisson plus ou moins vides. C’est dans la cinquième poubelle qu’il eut la certitude d’avoir trouvé le bon récipient : une boite de coca dont la partie supérieure avait été découpée à l’ouvre boite pour permettre le lancer total de son contenu. De plus il en émanait une odeur piquante et agressive aux poumons. Gilles se débarrassa de sa précédente collecte pour ne conserver que sa dernière trouvaille.
« Que dois-je faire maintenant ? Prévenir l’adjudant-chef Lemoine ? Non, Valentin va sûrement le faire et donner son nom afin qu’il réponde de lui, à moins que… »
Gilles en était là de ses réflexions quand retentit le premier mouvement de « Une petite musique de nuit. » Après une seconde d’étonnement, il extirpa de sa poche arrière de son jeans le smartphone de Valentin. Outre sa sonnerie originale, l’appareil vibrait. Son écran affichait un numéro en 04. Si un nom s’était affiché, il aurait réagi en fonction de la personne, mais là, pris de scrupule, il n’osa pas prendre la communication. Il laissa la sonnerie aller jusqu’à son terme. « Valentin a dit qu’il me contacterait, il faut que j’attende, disons une demi-heure. En attendant je vais aller jusqu’à son magasin de téléphonie. »