VALENTIN ET LA NOUVELLE

26. GRANDE RÉUNION

Deux jours après la date supposée de son retour au collège, c’était un mardi, Jade n’avait toujours pas réapparu. Gilles et Valentin qui s’en étaient inquiétés en avaient conclu que la jeune fille devait encore avoir sur son visage quelques traces de l’agression et ne voulait pas se montrer ainsi. Valentin fut détrompé ce même mardi dans la soirée. Il était assis à son secrétaire et tentait de mémoriser la liste des 27 états européens quand il reçut un coup de téléphone de monsieur Devienne.
— Bonsoir Valentin, je ne te dérange pas ?
— Je venais de finir mes devoirs. Dites-moi, Jade n’est pas encore revenue en classe, elle va bien ?
— Physiquement, toutes les traces ont disparu mais elle est encore fortement touchée moralement et ne sera vraiment tranquille que lorsque toute la vérité sera faite et le coupable démasqué.
— Comment ? La police n’a pas fini son enquête ?
— C’est à ce sujet que je t’appelle. Le préfet dont je dirige le cabinet a fait remonter l’affaire jusqu’au ministre de l’intérieur. Celui-ci exige une solution rapide. En conséquence, j’organise dans les locaux de la préfecture une réunion de tous ceux qui ont été partie prenante dans cette affaire, à savoir le commissaire de police, le lieutenant Marchais et les deux brigadiers, le commandant de la brigade de gendarmerie de Saint Thomas, le médecin dermatologue de l’hôpital qui a soigné ma fille ainsi que ton ami Yves et toi.
— Gilles. Mon ami c’est Gilles, Gilles Arroux.
— Oui, tu vois, cette affaire me trouble encore moi aussi. Il y aura évidemment ma fille Jade et je serai bien entendu présent à cette réunion que je présiderai au nom du préfet. Comme horaire, je te propose demain mercredi à dix-sept heures si tu es d’accord, et tes grands-parents également bien entendu. Tu pourras te faire accompagner par l’un d’eux si tu le désires.
— Puisque l’adjudant-chef Lemoine y sera, c’est tout bon pour moi. Vous avez contacté Gilles ?
— Non, il me faut son numéro ou celui de ses parents.
— Je vous les envoie par texto puisque maintenant j’ai le numéro de votre mobile.
— Comment, ma fille ne te l’a pas communiqué ? Elle est encore bien perturbée, c’est clair.
— "Ou elle n’a pas voulu que je raconte ses exploits sentimentaux", corrigea mentalement Valentin.
— Je vais contacter les parents de Gilles et, avec leur accord, je vous ferai prendre à seize heures trente par une voiture de la préfecture.
— Très bien monsieur Devienne, à demain.

Quand Gilles et Valentin, déjà impressionnés par la majesté du bâtiment, entrèrent dans la salle de réunion, ils restèrent un instant bouche bée, émerveillés par les sièges tapissés de velours rouge, la moquette assortie, la table centrale en fer à cheval sur laquelle, face à chaque place, étaient disposés les dossiers de travail ainsi que des micros individuels. La nuit n’était pas encore tombée mais les lustres de cristal diffusaient à profusion leur chaude lumière désuète. Un bristol sur chaque sous-main indiquait la place de chacun : le siège de présidence dans l’arrondi de la table était réservé à monsieur Devienne qui avait Jade puis son médecin et enfin l’inspecteur Marchais à sa droite tandis qu’à sa gauche il y avait Valentin puis Gilles puis l’adjudant-chef Lemoine. Le brigadier Marboz et son collègue de patrouille se trouvaient relégués en vis-à-vis sur les tables annexes prolongeant les branches du fer à cheval.
— Tout le monde est là sauf le commissaire qui n’a pas pu se libérer. Vous pouvez vous assoir mais je vous demanderais de vous lever à l’arrivée de monsieur le préfet. Il ne saurait tarder. Au même moment, s’ouvrit une des deux grandes portes du fond de la salle.
— Monsieur le préfet, je vous présente l’adjudant-chef Lemoine de la brigade de Saint Thomas du lac, monsieur Planque, dermatologue au centre hospitalier et le lieutenant Marchais accompagné des deux brigadiers qui sont intervenus tout au début de l’affaire.
Courtois, le préfet tendit la main à chacun des hommes, l’adjudant-chef ainsi que les deux brigadiers en uniformes rectifiant la position avant de serrer la main tendue.
— Voici ma fille Jade, victime de cette odieuse agression et Yves Arroux ainsi que Valentin Valmont, ses deux camarades qui l’ont secourue.
— Mon prénom, c’est Gilles, corrigea celui-ci avant de serrer la main tendue de l’homme important.
— Bien, prenez place messieurs et mademoiselle. J’ai décidé cette réunion car les échos de cette affaire, toujours malheureusement non résolue, sont montés jusqu’au ministre de l’intérieur, lequel s’impatiente. J’entends qu’une solution soit rapidement trouvée afin que je puisse envoyer un rapport circonstancié au dit-ministère. D’autres taches urgentes requérant ma présence, monsieur Devienne, mon chef de cabinet conduira les débats à ma place et me fera ensuite son compte-rendu. Je mise sur votre efficacité messieurs.
Sur ces paroles le préfet sortit par une porte opposée à celle de son entrée.
— Bien, commençons, attaqua le chef de cabinet, Lieutenant Marchais, où en êtes-vous dans votre enquête ?
Quelque peu gêné, le lieutenant s’éclaircit plusieurs fois la voix avant de tergiverser :
— C’est une affaire difficile à élucider étant donné le manque de témoignages fiables sur ce qui s’est réellement passé et donc…
Sans complexe, Gilles leva un bras et coupa la parole au policier.
— J’étais témoin aux premières loges avec mon ami Valentin. Nous avons dit à la police tout ce que nous avons vu. Valentin s’apprêtait à prendre une photo des quais fleuris. Il était à un mètre à peu près du garde-fou de la rivière. Un type est arrivé en courant avec une canette à la main, il est passé entre lui et la balustrade et l’a bousculé au passage. Un peu plus loin, à environ cinq mètres se tenait une personne appuyée à la rembarde, elle regardait à l’opposé de nous. En passant le type lui a balancé le contenu de sa canette au visage et a continué sa course vers les vieux quartiers. La personne a hurlé en se frottant le visage. Mon copain bousculé… mais vas-y, raconte, toi.
— Gilles a tout bien dit, j’ai été bousculé à l’épaule gauche au moment où j’allais toucher le déclencheur de mon smartphone, je n’ai pas pu voir le visage de l’agresseur.
— Vous étiez au courant de tout ça lieutenant ?
— C’est ce que m’ont dit ces deux jeunes. Mon équipe et moi cherchons toujours à recouper ces témoignages.
— Docteur, quel était le produit exact que ma fille a reçu au visage ?
— De l’acide, incontestablement. De l’acide chlorhydrique pour être précis. Ce produit brûle et attaque. Il est capable de dissoudre une pierre calcaire et de la transformer en chlorure de calcium, c’est vous dire son agressivité et je ne vous parle pas d’autres acides comme l’acide sulfurique ou l’acide nitrique encore plus puissants. Si votre fille monsieur Devienne n’avait pas été intelligemment secourue, elle aurait été défigurée et aurait pu perdre la vue.
— Gilles, qu’avez-vous fait exactement quand ma fille a reçu cet acide au visage ?
— Valentin m’a lancé son téléphone, il a foncé vers la personne agressée, on ne savait pas que c’était Jade. Il l’a obligée à descendre dans l’eau de la rivière et l’a forcée à plonger la tête sous l’eau, plusieurs fois. Il lui disait d’ouvrir les yeux dans l’eau. Je dirais qu’il l’a fait quatre fois de suite. À ce moment-là, un policier que je n’ai pas vu venir est descendu lui aussi dans l’eau, je crois que c’est lui là à droite, fit-il en désignant du doigt le brigadier Marboz. Il a ceinturé mon ami, l’a collé contre les pierres du quai, l’a obligé à mettre les mains dans le dos et lui a passé les menottes, comme à un voyou.
— Brigadier Marboz, est-ce que tout ceci est exact ?
— Heu, si on veut. Avec mon collègue, nous faisions une patrouille à pied quand notre attention a été attiré par les cris des badauds. En nous approchant, nous avons vu ce jeune qui tentait de noyer cette personne, répondit Marboz en désignant Jade, alors nous sommes intervenus.
— Ils ne vous ont pas dit ce qu’il en était ?
— Ils ont essayé de discuter mais il fallait d’abord neutraliser celui qui nous a semblé être l’agresseur et secourir la demoiselle. Mon collègue ici présent a appelé une ambulance et une voiture de police.
— Pourquoi n’avez-vous pas écouté ce qu’ils avaient à dire ? Cela vous aurait conduit à prendre les témoignages des spectateurs pour confirmer ou infirmer.
— S’il faut croire tout ce que disent les jeunes…
— Mes hommes ont fait ce qu’il fallait faire en la circonstance, défendit le lieutenant.
— Gilles, Valentin avez-vous autre chose à dire ?
— Ben oui, fit Gilles, tout d’abord, je le répète, nous ignorions qu’il s’agissait de Jade, une de nos camarades de classe. Ensuite le docteur a dit que ce produit attaquait les pierres, ça je le crois car là où du produit est tombé au sol, la pierre du quai moussait.
— Quand j’ai su qu’il s’agissait d’acide chlorhydrique, continua Valentin, je me suis renseigné sur internet, cet acide est vendu sous forme diluée à trente-sept pour cent en bouteille plastique d’un litre. Les autres acides plus puissants sont plus difficiles à trouver, heureusement pour Jade. Tout de même, j’en déduis que l’acte de ce type était prémédité puisqu’il y a eu achat préalable du produit.
— Lieutenant, vous voulez intervenir ?
— Nous sommes bien entendu arrivés à la même conclusion mais rechercher le lieu et l’auteur de cet achat c’est mission impossible car le produit est en vente libre dans tous les supermarchés, drogueries et magasins de bricolage. Comme je l’ai dit, nous manquons de témoignages et d’indices.
— Tout de même mon lieutenant, Gilles a retrouvé à votre place la canette de coca ayant servi de conteneur et moi je vous ai communiqué la photo de l’agresseur, contra Valentin.
— Vous avez une photo de cet individu, Valentin ? s’étonna monsieur Devienne.
— Quand j’ai été bousculé, mon doigt était sur la zone sensible de l’appareil et cela a déclenché la prise de plusieurs photos dont une est utilisable. Je l’ai communiquée au lieutenant lors de mon second interrogatoire.
— Ce jeune en effet a fini par me communiquer une photo numérique, celle d’un individu vu de dos mais elle n’est pas inexploitable.
— Ceci n’est pas exact, reprit Gilles. Valentin et moi avons soigneusement détaillé le cliché et nous en avons tiré plusieurs conclusions.
— Lieutenant ?
— Je suis aussi curieux que vous de les connaitre, monsieur le chef de cabinet.
— Valentin, pouvez-vous détailler ?
— Monsieur Devienne, quand j’ai su le motif de cette réunion, je me suis douté que vous voudriez voir cette photo. Je l’ai imprimée en format A4, tenez la voici, dit Valentin en sortant une feuille de papier cartonné de son petit sac à dos. Au recto, c’est le cliché tel qu’il a été pris et au verso, j’ai isolé, agrandi et imprimé des détails intéressants. Tenez, prenez la photo générale et regardez le sweat-shirt au niveau du cou, on peut observer une mince bande colorée. Observez maintenant les couleurs dans l’agrandissement au verso : rouge, blanc, bleu, blanc et rouge. Cela nous a fait penser à un logo que certaines marques de vêtements cousent à cet endroit. Ces couleurs nous ont fait penser à celle d’un drapeau. Nous avons eu un peu de difficultés à trouver de quel pays il pouvait s’agir. En réalité, un seul drapeau présente ces couleurs dans l’ordre.
— Lequel ?
— Nous avons conclu qu’il s’agit du bas du drapeau de la Norvège, monsieur, enchaina Gilles, le reste étant caché par un pli de la capuche. Nous avons trouvé la marque de vêtements qui présente ce drapeau, c’est Napapijri.
— Je reconnais que c’est plutôt bien raisonné pour des jeunes mais cela ne nous permet en aucun cas de trouver le coupable, se défendit le lieutenant.
— Gilles, vous avez parlé de plusieurs conclusions, quels autres enseignements avez-vous tiré de cette photo ?
— Le récipient ayant contenu l’acide est une canette de coca dont la partie supérieure, celle de l’opercule a été découpée. Cette canette, je l’ai retrouvée dans une poubelle à déchets non loin du lieu de l’agression et je l’ai donnée au lieutenant.
— Lieutenant, vous avez examiné l’objet, vous confirmez ?
— Ce récipient sentait encore fortement l’acide mais son examen a révélé que les seules empreintes qu’il présentait sont celles de Gilles Arroux.
— Évidemment, s’insurgea Valentin, regardez la photo, la main qui porte la canette est gantée. Et ce ne sont pas les seules remarques que l’on peut faire ! Pour ma part, j’en ai relevé six qui contribueront à confondre le coupable quand tout à l’heure nous découvrirons son nom.
1. la marque du vêtement, Napapijri.
2. il est probable que ce vêtement gris-vert présente maintenant des taches blanches dues à l’acide.
3. le gant si on le retrouve doit être également un peu rongé.
4. la corpulence du type est à peu près la mienne, donc c’est sûrement un jeune.
5. il est gaucher, regardez le gant sur la photo.
6. il connait Jade or notre camarade n’est ici que depuis début octobre. Concluez vous-même.
— Lieutenant, qu’avez-vous à dire ?
— Nous n’allions pas tarder à arriver à ces conclusions, répondit assez piteusement le lieutenant Marchais en compulsant quelques feuillets qu’il avait placé devant lui. J’ai personnellement interrogé mademoiselle Devienne mais elle était encore très choquée et je n’ai pas insisté. Par ailleurs le témoignage de mes hommes me conduisait à soupçonner ces deux jeunes.
— Expliquez-vous.
— Brigadier Marboz, dites ce que vous avez vu.
— Quand nous sommes arrivés au niveau du quai, j’ai vu ce jeune, heu Valentin, qui appuyait sur la tête de cette jeune fille. Comme s’il voulait la noyer ! C’est pour ça que je l’ai neutralisé en le menottant.
— A-t-il opposé une quelconque résistance ? se permit d’intervenir l’adjudant-chef Lemoine, jusque-là attentif mais muet.
— Non, il a juste dit qu’il voulait aider. Aider quelqu’un en l’obligeant à mettre la tête sous l’eau, ça m’a paru complètement invraisemblable. J’ai décidé qu’il fallait le conduire à l’hôtel de police pour interrogatoire.
— Moi j’ai tenté de vous expliquer mais vous m’avez envoyé balader, défendit Gilles. Alors quand vous avez embarqué mon ami, j’ai recherché et trouvé la canette pour le disculper. Comme je n’avais pas de nouvelle, j’ai décidé d’appeler l’adjudant-chef Lemoine qui nous connait et qui sait que nous ne sommes pas des voyous.
— Adjudant-chef ?
— J’ai effectivement été appelé par Gilles Arroux le vingt-trois octobre à seize heures douze. Je me suis déplacé jusqu’à l’hôtel de police pour me porter garant de ces deux jeunes que je connais bien.
— Cette garantie vous a convaincu, lieutenant Marchais ?
— Oui et non, par la suite, j’ai eu besoin d’interroger à nouveau le jeune Valentin et aussi Gilles Arroux pour éclaircir certains points. Je me suis déplacé jusqu’à leur collège mais ils ont refusé de répondre, alléguant la nécessité pour eux de ne pas manquer les cours. C’est surtout Valentin que je voulais entendre, j’ai donc envoyé à ses responsables, ses grands-parents en l’occurrence, une convocation officielle à laquelle il a dû se plier. L’adjudant-chef Lemoine l’a accompagné.
— Qu’avez-vous appris de nouveau ?
— Rien, il s’en est tenu à ses précédentes déclarations.
— Votre enquête est donc au point mort ? s’enquit monsieur Devienne, visage sévère et contrarié.
— Monsieur Devienne, bien que je ne sois pas enquêteur, me permettez-vous de livrer les conclusions auxquelles j’ai abouti en réfléchissant au problème avec mon ami Gilles ?
— Parlez sans crainte Valentin.
— Votre fille Jade est très jolie. Quand elle est arrivée dans notre collège, presque tous les garçons de la classe étaient bouche bée et seraient volontiers tombés amoureux d’elle.
Valentin regarda un instant la jeune fille qui se rongeait les ongles d’inquiétude.
— Ce que je veux dire c’est qu’elle ne devait pas manquer de soupirants en Nouvelle Calédonie.
J’ai recherché sur internet les motivations de ceux qui décident de vitrioler une femme ou une jeune fille. Dans la majorité des cas, c’est par dépit amoureux, par jalousie.
« Si je ne peux pas avoir cette fille, elle ne pourra plus jamais séduire personne », voilà ce que se dit un vitrioleur.
J’ai bien discuté avec Jade de sa vie là-bas et elle m’a confié avoir eu des boy-friends, comme on dit en Angleterre. Elle en a eu un en particulier qui s’appelle Nathan Delambre. Je sais, monsieur Devienne, que vous n’aimiez pas bien ce garçon qui d’ailleurs est revenu habiter en France métropolitaine il y a un an et n’a plus donné de nouvelles à Jade depuis. Si je vous en parle c’est qu’il a succédé à un autre boy-friend lequel s’appelait Maël Charron. Sa famille ne faisait pas partie de votre cercle caldoche habituel et vous ne le connaissiez pas. Les deux soupirants se sont battus pour avoir l’honneur d’être l’ami de votre fille. C’est Nathan qui a gagné et Maël, garçon solitaire et renfermé, sûrement très amoureux de Jade, en a conçu une rancune tenace. Nathan parti, il a peut-être espéré la reconquérir mais ce ne fut pas vraiment le cas. Quand, à votre tour, vous êtes revenu en métropole, Maël s’est probablement imaginé que Jade allait retrouver Nathan. C’était pour lui insupportable Vous avez je pense encore des contacts là-bas qui savent que vous êtes en poste en Haute Savoie. Il a réussi à retrouver le lieu ou vous vous êtes installés, sûrement en discutant avec d’autres caldoches. Toujours est-il que, à l’occasion de la 4ème période de vacances, la famille Charron est venue en France, j’en ai eu confirmation, ce qui rend Maël fortement soupçonnable s’il s’avère qu’ils sont passés en Haute Savoie.
Je n’ai pas les moyens d’enquêter à Nouméa mais je suis sûr qu’une investigation sur place confirmerait mes déductions.
Valentin ayant fini d’exposer son hypothèse, il jeta un regard circulaire sur la petite assemblée. Les deux brigadiers ouvraient des yeux ronds, le lieutenant Marchais acquiesçais de petits mouvements de tête, le docteur souriait d’un air approbateur, l’adjudant-chef avait l’air satisfait d’un entraineur dont le poulain vient de gagner, le chef de cabinet semblait songeur et admiratif à la fois. Il y eut un blanc dans les échanges verbaux après quoi monsieur Devienne enchaina.
— Jade, est-ce que tout ce qu’a dit Valentin est exact ?
— C’est exact que j’ai été amie avec Maël puis Nathan mais j’ignore tout ce qu’ils ont pu faire. Je n’ai pas vu mon agresseur et ne peux rien dire à ce sujet. J’en ai vraiment marre de cette histoire, je veux que tout cela finisse au plus vite. Décide quelque chose papa.
— Bon, concluons. Lieutenant, je vous charge de communiquer le dossier, éclairé des hypothèses de Valentin, à la justice et ceci au plus tôt pour qu’elle décide des commissions rogatoires à établir. Il me reste à vous remercier de vous être déplacé docteur, merci adjudant-chef et un grand merci à vous deux, Valentin, Gilles. Je vais vous faire raccompagner.
— Ces jeunes me connaissent bien et savent que je les apprécie, je peux me charger de les reconduire chez eux.
— Très bien, faites ainsi, merci adjudant-chef Lemoine.