VALENTIN ET LA NOUVELLE

27. APAISEMENT

Le lendemain de la grande réunion à la préfecture, Jade revint au collège. Un peu pâle sous un léger maquillage destiné à effacer une ou deux dartres causées par l’acide sur la peau de son visage, elle vint tout naturellement reprendre sa place entre Morgane et Valentin. Beaucoup moins rayonnante qu’auparavant, elle se força à sourire en guise de remerciement quand le professeur de math lui dit la satisfaction de la classe de la voir de retour.
À la récréation de dix heures, Florian, sous l’œil suspicieux d’Océane, s’approcha de Jade qui sourit, ses yeux vert pâle retrouvèrent un instant leur pétillement d’avant.
— Bonjour Jade, je veux simplement te dire que je suis content que tu ailles mieux. Je n’ai jamais voulu ça pour toi, c’est dégueulasse ce qu’on t’a fait.
— Je vois que tu n’as pas été long à me remplacer mais merci. Je veux quand même que tu saches que j’étais bien avec toi, que j’allais rompre avec Pierre-André pour ne garder que toi. Mais Valentin est passé par là et a tout contrarié.
— Valentin, Charly et Amandine.
— Oh, il n’y a que sur ce plan là que je lui en veux un peu. Pour le reste, il a été formidable, aussi bien le jour de mon agression qu’hier à la réunion en préfecture. Bon, j’ai l’impression qu’Océane t’appelle, elle a de la chance d’être avec toi. Je peux te faire la bise ?
— Tu peux mais cela ne change rien.
Après une bise sur la joue de Florian, peut-être un peu trop appuyée, peut-être un peu trop près des lèvres du garçon, Jade se dirigea vers Charly qui était en grande discussion avec Gilles et Bouboule. Elle fit un grand sourire aux deux autres mais s’adressa à Charly.
— Charly, je voudrais te parler mais là on n’a pas trop le temps, ça va sonner. Comme je ne reste pas à la cantine, je peux te voir ce soir après les cours ?
— Si tu veux. Je t’attendrai à la sortie.

Pendant le temps libre de la cantine, autour de leur banc favori, le temps le permettant, les amis de Valentin commentaient ce qui était arrivé à Jade. Gilles expliquait à Olivier, Quentin et Emily le rôle majeur que Valentin et lui-même avaient joué dans l’avancement de l’enquête sur l’agression de la nouvelle. Florian un peu à l’écart du groupe tentait de convaincre Océane que son aventure avec l’autre jolie fille était bien finie. Margot se faisait réexpliquer par Mathilde les subtilités de l’homothétie. Amandine et Charly cherchaient un moyen simple pour retenir les noms des pays de l’union européenne. Bouboule, amateur de mangas, racontait à Valentin le dernier « One piece » qu’il venait d’avoir pour son anniversaire.
Gilles donnait à Lucie et Eva des recettes humoristiques pour vaincre leur timidité maladive et leur crainte des adultes.
— Vous voyez, quand quelqu’un vous intimide, imaginez-le se cassant la figure sur une déjection canine ou alors en diarrhée dans un WC qui n’a plus de papier ou que le papier se déchire quand il ne faut pas. Il perdra aussitôt son prestige. Imaginez ça en math ou en anglais, vous verrez que c’est efficace.
— Un peu orientées pôle sud tes recettes, constata Lucie.
— Je vais essayer avec le prof d’anglais, il me fait toujours un peu peur, avoua Eva.
Tout semblait aller pour le mieux dans le groupe de copains.
À quatorze heures, au moment d’entrer dans la salle de langue, Bouboule, qui précédait Amandine, dit à voix basse à Valentin :
— Val, je voulais aussi te dire que j’ai entendu la nouvelle donner rendez-vous à Charly aujourd’hui à la sortie. J’espère qu’elle ne va pas réessayer avec lui ce qu’elle a fait avec Florian.
— Je pense comme toi, il ne faudrait pas qu’elle sème à nouveau la zizanie dans le groupe. Tu pourras laisser trainer tes oreilles dans le secteur ? Charly et Jade ne savent pas encore que tu as l’oreille absolue.
— Quoi ? J’ai pas ça moi. Elles sont bien propres et normales mes oreilles ! Mais d’accord chef, j’irai relacer mes baskets près du portail de sortie et je te dirai.
— Moi je trainerai dans la cour. Attends-moi quand Charly et l’autre seront partis, tu me raconteras.