Sur la route de retour au camp, Valentin redemanda à Inge s’il y avait une réponse à son SMS, mais il n’y avait rien. « Lemoine me répond toujours, c’est bizarre qu’il ne le fasse pas cette fois » se dit-il.
Damien le père d’Olivier regardait les boulistes sur le terrain vers l’entrée du camping.
— Olivier n’est pas avec vous ? demanda-t-il, surpris.
— Il est tellement accro au surf qu’il a voulu prolonger un peu. Il faut dire qu’il est doué, il réalise déjà des changements de direction sur la vague.
— Olivier adore tous les sports de glisse. Canoë, natation, ski… dommage qu’il ne mette pas autant de conviction à l’école, mais bon, c’est les vacances.
Quand les deux passèrent devant les jeux pour enfants, Inge fit remarquer :
— Tiens, regarde, c’est notre petit Nathan d’hier celui qui est sur le tobogan.
— Je ne l’avais pas reconnu. Je vais lui parler. Hello, Nathan ! Viens une minute.
D’abord surpris, l’enfant eut une phase d’hésitation, puis ayant sans doute reconnu la voix de Valentin, il s’approcha avec le sourire.
— Bonjour Nathan, tu te rappelles de nous ?
— Oui, tu es le grand qui m’a sauvé.
— Tu peux me dire où est votre emplacement, Nathan ? Nathan comment ?
— Nathan Dubreuil. C’est la caravane blanche là-bas, fit-il en tendant le bras.
— Laquelle ? Il y en a plusieurs.
— La Hobby.
— OK. Amuse-toi bien.
Valentin se tourna vers Inge.
— Sa maman t’a dit qu’on lui avait volé ses papiers. Je veux parler un peu avec elle, tu viens avec moi ?
— Non, je vais d’abord me doucher, le sel de l’océan me tire la peau.
— À tout à l’heure alors.
Valentin toqua discrètement à la porte de la caravane Hobby.
— Oui ? dit la maman de Nathan en ouvrant la porte.
— Bonjour madame, je suis Valentin, vous vous souvenez de moi ? Hier soir…
— Ah oui. Bonjour Valentin, qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
— Hier soir vous avez dit à mon amie Inge qu’on vous avait volé vos papiers, vous pouvez m’en dire un peu plus ? C’était ici dans le camping ?
— Je ne sais pas. J’ai d’abord pensé les avoir égarés mais j’ai cherché partout, ils sont introuvables, donc je pense qu’on me les a volés.
— Où les rangez-vous où d’habitude ?
— Dans le vide poche de ma voiture là, répondit-elle en désignant une Citroën C4 grise. Pourquoi veux-tu savoir ça ?
— Est-ce que vous êtes allée sur le parking de la plage avec votre C4 ? éluda Valentin.
— Effectivement, avant-hier j’ai pris la voiture, pourquoi ?
— Il y a souvent des vols sur les parkings il parait. Je viens de voir Nathan aux jeux, il va beaucoup mieux qu’hier soir.
— Maintenant il dort avec moi dans la caravane, j’ai eu trop peur et puis sa tente est déchirée par la branche tombée. J’ai été un peu brusque avec vous hier, j’étais tellement paniquée, excuse-moi Valentin.
— Pas de problème madame, j’ai très bien compris.
Dès qu’il fut revenu sur leur emplacement, Aude lui dit :
— Ah, Valentin, tu es là, où est Olivier ?
— Il voulait surfer encore quelques vagues, il va arriver.
— Bon. Ah, je crois que j’ai entendu ton téléphone sonner dans ta tente.
— Merci Aude, répondit-il en pénétrant dans sa Quetchua. Il sortit son smartphone du sac à dos contenant ses affaires et constata un appel et la présence d’un message vocal. « C’est Lemoine. Valentin, est-ce toi qui m’a envoyé un SMS cet après-midi ? Si oui, appelle-moi. » Valentin réfléchit un instant avant de se décider. Muni de son téléphone, il sortit du camp, traversa la route et s’engagea sur un chemin qui s’enfonçait dans la forêt de pins. Il fit apparaitre sur l’écran de son appareil le numéro de l’adjudant-chef Lemoine et appela. Ce dernier prit immédiatement l’appel.
— Allo ! fit sa voix rude de baroudeur.
— Valentin Valmont, mon adjudant-chef.
— Ah, c’était donc bien toi l’auteur de ce SMS venant d’un numéro que je ne connaissais pas, un numéro auquel il manquait un chiffre pour que ce soit le tien.
— J’ai rédigé le message sur le téléphone d’une amie danoise.
— Tu es au Danemark actuellement ?
— Non, en France dans les Landes avec mon ami Olivier Channat et ses parents Nous avons fait connaissance avec une famille danoise et une fille de notre âge.
— Je comprends mieux. Qu’est-ce c’est que cette histoire de RollJam ? Tu ne vas pas encore te mettre en danger, je te l’interdis.
— Non monsieur Lemoine, c’est pour cela que je vous appelle. Vous savez que j’ai un peu l’esprit d’observation, alors j’ai plusieurs fois repéré le manège de deux types dans une voiture. Il y en a un qui semblait jouer avec une drôle de manette. J’ai fait des recherches sur internet et j’en suis venu à la conclusion qu’il manipulait un RollJam. Vous savez ce que c’est ?
— Je suis gendarme, Valentin. Donc tu veux savoir quoi faire ?
— Oui, tout seul ou même avec Olivier, je ne peux pas agir contre deux adultes.
— Deviendrais-tu raisonnable ? Où es-tu exactement ?
— Dans le département des Landes, un endroit appelé Mixelit-plage. C’est au bord de l’océan.
— Bien entendu. D’où je suis, je ne peux pas agir directement… Attends un peu… Mixelit… Mixelit… Ah, voilà, oui, il y a une gendarmerie à Mixelit. Ils ne te connaissent pas donc ne te croiront peut-être pas si tu les appelles… Voyons, voyons… Oui, voici ce que je vais faire, je vais appeler officiellement mon homologue et lui demander de te contacter discrètement en me portant garant de toi. Je peux lui communiquer ton numéro de téléphone ?
— Pas de problème mon adjudant-chef. Ça peut se faire tout de suite ?
— Hum, dix-huit heures… Il vaut mieux attendre demain matin. Attends encore un instant… Oui, donc la personne qui te contactera, ce sera l’adjudant Hirigoyen. Tu lui expliqueras tout. Je sais que tu as déjà tout calé dans ta tête avec les descriptions et les preuves. Fais comme si c’était moi.
— Très bien monsieur Lemoine. Vous n’êtes pas en vacances je présume.
— Avec le nombre incroyable de touristes à Saint Thomas du Lac en ce moment, il n’en est pas question. Peut-être une semaine fin septembre. Tu profites bien de l’océan ?
— Oui, super vacances avec mon ami. Encore trois jours, c’est chouette. Au revoir, à bientôt monsieur Lemoine.