VALENTIN EN VACANCES

4. AIMANTS

De retour à la maison, après avoir fait admirer ses achats par sa grand-mère, Valentin passa dans le garage, prit sur l’établi le vieux disque dur et se mit à l’examiner. Six petites vis maintenaient en place un opercule de tôle. Il regarda la panoplie des outils accro-chés au présentoir mural, saisit la plus petite clé Allen à embout en étoile et s’employa à ôter les six vis qui ne présentèrent que peu de résistance. Il tenta ensuite d’enlever la plaque rectangulaire sur la-quelle était collée une étiquette annonçant les caractéristiques du disque dur mais elle résista. Il essaya de glisser un tournevis plat entre la tôle et les côtés pour faire levier mais l’outil ripa et vint meurtrir l’index de sa main gauche qui tenait le boitier. De douleur, il sauta plusieurs fois sur place en tenant son doigt blessé dans la main droite. Ses sauts lui firent ressentir une petite douleur sous son pied gauche sans cependant qu’il y prête attention, concentré qu’il était sur le démontage du disque dur. La douleur de son doigt s’apaisant, il examina de plus près le boitier métallique, glissa son index intact sur l’étiquette et perçut comme une petite bosse.
« J’y suis, il y a une vis cachée sous l’autocollant, j’aurais pu m’en rendre compte plus tôt » se dit-il avec un sourire un peu crispé. Il positionna la clé en étoile sur le petit relief, pesa et dévissa. Il put alors enlever facilement l’opercule métallique.
À l’intérieur du boitier, il repéra d’abord le disque proprement dit, galette métallique de près de dix centimètres de diamètre, reconnut en son centre le minuscule moteur d’entrainement. Quelque peu admiratif devant cette micro mécanique sophistiquée, il repéra deux autres vis maintenant une pièce en forme de banane protégeant la base du bras de lecture. Valentin voulut bien entendu poursuivre son démontage. Quand il approcha la clé de dévissage, elle se colla contre la banane. « Un aimant » se dit-il avec raison et drôlement puissant continua-t-il en forçant pour l’extraire. Ayant ôté le fragile bras de lecture-écriture des données, il repéra un second aimant, jumeau du premier. Il les approcha l’un de l’autre, les deux pièces s’attirèrent violemment pour se coller l’une contre l’autre, pinçant au passage le bout de son index déjà meurtri.
« Bon, ça suffit, je me suis assez abîmé comme cela aujourd’hui » marmonna-t-il. Il saisit une boite en carton, fit glisser à l’intérieur toutes les pièces du disque dur à l’exception des aimants qu’il mit dans une poche de son bermuda.
Sorti du garage, il avisa ses grands-parents buvant le thé sur leur banc de jardin.
— Alors Valentin, tu t’y connais mieux en électronique maintenant ? lui demanda malicieusement son grand-père.
— Un peu, mais j’ai surtout pris une leçon de bricolage, répondit-il en montrant son index ou perlait encore une goutte de sang.
— Viens avec moi, je vais te désinfecter ça et mettre un petit pansement, dit immédiatement sa grand-mère. Oh mais tu boites en plus ! remarqua-t-elle en le voyant faire quelques pas asymétriques.
— Ce n’est rien, sûrement un petit caillou dans ma basket, je l’enlèverai après.
Quand il fut soigné et revenu s’assoir dans le petit jardin, il délaça sa chaussure et la secoua mais rien n’en sortit. Il passa une main à l’intérieur, sur la semelle de confort et sentit une pointe qui dépassait. Retournant la basket, il repéra la tête bombée d’une punaise.
— Je retourne à l’atelier, ce n’est pas un caillou comme je pensais mais j’ai marché sur une punaise et il faut un outil pour l’extraire, expliqua-t-il.
— Ne te pince pas les doigts, taquina son grand-père.
Quelques secondes après, il était de retour.
— Voilà, ça va mieux.
— Au fait Valentin, à part un doigt blessé, qu'as-tu retiré de ce vieux disque dur ?
— Je me suis vraiment rendu compte de la complexité de l'engin. Chapeau à l’ingénieur qui a conçu cette mécanique. J’ai repéré une carte avec des circuits intégrés, un disque en métal, le micromoteur qui le fait tourner et aussi ça répondit Valentin en sortant de sa poche les aimants appliqués l'un à l'autre, mais je n'ai pas bien compris le rôle de ces pièces.
— Montre voir. Oula, ce n’est pas possible, ils sont collés. Sacrée puissance ! fit le grand-père qui venait de séparer difficilement les deux parties. Ce sont des aimants néodyme, ce qui se fait de plus fort en la matière. Que veux-tu en faire ?
— Bah rien de spécial. Ils pourront toujours servir à récupérer les vis perdues, je les mettrai sur ton établi.
— Et ton pied, comment va-t-il ? Dans quelques jours nous allons beaucoup marcher et il faudra être pleinement opérationnel.
— Il y avait une grosse punaise plantée dans la semelle de ma basket et ça me piquait, mais ça va.
— Que veux-tu faire maintenant ?
— Aller en VTT jusqu'à chez Quentin lui proposer de venir avec nous faire une randonnée dont j'ignore presque tout.
— Finement amené mon garçon. Tu as raison, ses parents s’ils acceptent, voudront sûrement des précisions, voici ce que j'ai prévu...